Le film raconte comment le photographe japonais Masashi Asada s’est mis à photographier son père, sa mère et son frère, dans des mises en scène qui se calquaient sur leurs rêves – parfois manqués. Son père aurait voulu être pompier ? Toute la famille enfile l’uniforme, comme si elle venait d’éteindre un feu. Sa mère fantasmait sur les yakuzas ? La voilà en mère mafieuse, entourée de son mari et ses fils gangsters.
Avec une fantaisie visuelle qui tend parfois avec grincement vers le tordu (quand la famille s’amuse à jouer avec le macabre), Nakano envisage le portrait de famille comme un lieu des possibles, une bascule vers la fiction. La deuxième partie du film, quand le tsunami touche le Japon, en 2011, donne une ampleur plus douloureuse à cette conception de l’art vernaculaire.
Plutôt que de photographier les siens, Masashi se fait bénévole en aidant les rescapés à retrouver leurs photos de proches disparus. Il imagine alors ces vies déchirées, tente d’en recoller les fragments éparpillés. Affichées de manière anonyme sur un mur, elles sont filmées comme autant d’éventualités de vie individuelles, portant aussi une histoire collective à exposer pour ne pas oublier.
La famille Asada de Ryōta Nakano (2 h 07), sortie le 25 janvier
Image (c) Art House