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La nouvelle : Anamaria Vartolomei
- David Ezan
- 2021-11-23
Sur l’affiche de « L’Événement », où elle irradie en jeune fille qui cherche à avorter dans la France de 1963, ses yeux perçants nous interpellent. Comme pour signifier qu’on n’est pas près de l’oublier ; ni son visage félin ni son nom délicieusement sophistiqué.
Anamaria Vartolomei a reçu le prix du Meilleur espoir féminin à la Cérémonie des César 2022.
À 22 ans, sa vie a déjà tout du conte de fées. « Je suis née en Roumanie et, à 6 ans, j’ai suivi mes parents en France. Le choc fut si grand que j’en ai perdu mes souvenirs. C’était une seconde naissance. » Elle fait du théâtre quand son père, ouvrier dans le bâtiment, reçoit une annonce de casting : Eva Ionesco cherche une fillette de l’Est pour My Little Princess (2011)… et la choisit parmi cinq cents candidates. Un « alignement d’étoiles » qui lui permet, à 10 ans, de donner la réplique à Isabelle Huppert.
« L’événement », un film puissant sur l’avortement dans la France des années 60
Lire la critiqueUne décennie plus tard, c’est en Audrey Diwan qu’elle a trouvé son mentor. « On s’est dit qu’elle sera mon Chabrol et que je serai sa Huppert », glisse-t-elle en riant. Encore sous l’émotion du film, elle en parle avec ses tripes. « Il y avait un écart entre la réalité de l’avortement clandestin et ce que j’en imaginais. En lisant le livre d’Annie Ernaux [dont le film est adapté, ndlr], j’ai ressenti une colère immense. J’ai eu envie de soulever un tabou. » Anamaria crève l’écran. Nul doute qu’après une telle révélation, celle qui se rêve déjà dans les films des frères Safdie ou du Roumain Cristian Mungiu ne quittera plus le haut de l’affiche.
L’Événement, d’Audrey Diwan, Wild Bunch (1 h 40), sortie le 24 novembre.
Audrey Diwan : « L’avortement est un sujet nimbé de tabous, et ce silence pèse très lourd »
Lire l'entretienPhoto : Marie Rouge pour TROISCOULEURS