Quel point commun entre James Gray et Norman Mailer ? Tout comme l’écrivain – deux fois lauréat du Prix Pullitzer pour Les Armées de la nuit et Le Chant du bourreau, romans qui auscultaient froidement les dérives de l’Amérique capitaliste -, le réalisateur a souvent filmé le New-York criminel (Little Odessa, La Nuit nous appartient) avec un regard teinté de sociologie.
Rien d’étonnant à ce que James Gray s’empare de la vie romanesque de cet intellectuel rebelle. Comme nous l’apprend Deadline, le réalisateur va consacrer une série à Norman Mailer, réalisée en collaboration avec son fils, John Buffalo Mailer. Basée sur la biographie de J. Michael Lennon, Norman Mailer : A Double Life, cette fiction reviendra sur son expérience de la Guerre dans le Pacifique, son opposition à la Guerre du Vietnam, ou encore sa candidature à la mairie de New York en 1969.
Un engagement politique qui allait de pair avec une vie publique controversée – cet écrivain visionnaire, également biographe de grandes stars (Marylin Monroe ou Pablo Picasso) n’a jamais hésité à se confronter violemment à ses comparses littéraires, comme Truman Capote ou encore Gore Vidal.
UNE VIE ÉPIQUE ET COMPLEXE
« Il est difficile de trouver une autre personne dont la voix a eu plus d’importance à son époque que celle de Norman Mailer – il a décrit l’humanité dans toute sa gloire outrageante et laide, à travers un regard qui lui était propre. Je suis impatient de relever le défi passionnant d’examiner son héritage sauvage à travers cette série », a déclaré James Gray.
Rudy Langlais, producteur du show, décrit également le projet comme une fresque romanesque digne d’une saga à la Coppola : « Mailer a dominé – et domine toujours – la culture américaine, dans toutes ses composantes. Il a vécu une vie épique et complexe, faite d’écriture exquise, de confrontations violentes, de mariages explosifs, d’idées brillantes, d’affrontements avec des collègues écrivains, des féministes, des flics, des politiciens – toute la gamme de l’Amérique, dans une vie vécue non pas en marge mais au centre du tumulte – qu’il a en grande partie créé lui-même pour pouvoir en être la star ».
En attendant de connaître le casting de cette série prometteuse, qui risque d’être tout aussi scandaleuse que son héros, rappelons qu’Armageddon Time, fresque d signée par James Gray, sortira en 2022.
Image : James Gray (The Lost City Of Z, Berlinale 2017) (c) Martin Kraft CC BY-SA 3.0
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