L’actrice revient dans une interview passionnante sur la genèse de son personnage, et les influences artistiques qui irriguent ce polar vénéneux.
Que reste-t-il de Blue Velvet vingt-quatre ans après sa sortie? Cette séquence d’ouverture profondément dérangeante dans laquelle, sous une pelouse verte immaculée, le jeune Jeffrey Beaumont (Kyle MacLachlan) découvre une oreille humaine, qui nous plonge alors dans un monde sordide. Une peinture violente et perverse de la nature humaine, une enquête servant de prétexte pour dépeindre l’énergie érotique et dangereuse de personnages déviants…
Parmi ces visions bleutées et oniriques, il reste surtout l’image de son actrice principale, Isabelle Rossellini, dans le rôle de Dorothy Vallens, une chanteuse de cabaret aussi vénéneuse que fragile. Une interprétation nimbée de mystère, aussi bien devant que derrière la caméra. D’abord parce que David Lynch avait initialement proposé le rôle à Hanna Schygulla, qui déclina la proposition, avant de soumettre le scénario à Isabella Rossellini qui en tomba amoureuse. Ensuite parce que si sa performance nous paraît aujourd’hui incontestablement bluffante, l’actrice, qui était mannequin à l’époque, a vu sa carrière ternie par ce choix provocant : « Quand j’ai fait le film, beaucoup de gens ont perçu une image, comme si je me percevais moi-même comme une image ». » ». Je ne me considère pas comme une simple image, je fais ce qui m’intéresse. Donc, quand les gens n’ont pas aimé le film, ils l’ont utilisé pour se dire « oh, elle l’a utilisé pour se rebeller » ou pour s’autodétruire », expliquait-elle à IndieWire en 2018.
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