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Niels Schneider : « J’adore les films d’enquête comme ceux de David Fincher »
- Margaux Baralon
- 2024-11-19
[INTERVIEW] L’angelot des « Amours imaginaires » de Xavier Dolan a fait du chemin. On l’a vu fou amoureux chez Emmanuel Mouret (« Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait »), voyou influenceur pour Xavier Giannoli (la série « D’Argent et de sang ») et, désormais, le voici journaliste trimballant son crâne rasé et ses traumas dans les six épisodes du « Monde n’existe pas », sur Arte. Depuis le festival du GIFF(Geneva International Film Festival), Niels Schneider s’est prêté à notre questionnaire cinéphile.
3 personnages que vous auriez aimé incarner ?
C’est compliqué car River Phoenix est formidable dedans, mais je me suis beaucoup projeté dans Mikey Waters, dans My Own Private Idaho de Gus Van Sant [un marginal gay atteint de narcolepsie, qui part à la recherche de sa mère, ndlr]. C’est bouleversant et c’est le meilleur rôle de River Phoenix. Le personnage de Randall P. McMurphy dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, interprété par Jack Nicholson, est aussi absolument dément [en condamné qui se fait passer pour fou pour éviter la prison, et se retrouve en hôpital psychiatrique, ndlr]. Et, plus jeune, je pense que j’aurais adoré jouer le Bruno Reidal de Vincent Le Port. On a vraiment la vie intérieure de ce psychopathe [un jeune paysan qui décapite un enfant de 12 ans, ndlr], victime de ses propres pulsions. C’est un personnage hyper complexe, pas seulement sadique, mais aussi un adolescent à la découverte de lui-même qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Fabuleux et terrifiant en même temps.
Vincent Le Port, esprit sauvage
Lire l'article3 acteurs qui vous ont donné envie de faire ce métier ?
Mon grand frère était acteur [Vadim Schneider, mort en 2003 dans un accident de la route, ndlr] et, sans lui, je ne ferais pas ce métier. Je pense que n’importe qui voyant Jean-Paul Belmondo jouer a envie de le faire. Le premier film de lui que j’ai vu, ce devait être À bout de souffle et cela m’a poussé. Je pourrais citer aussi Michael Shannon dans Take Shelter, avec un personnage d’une intensité telle que cela donne envie de jouer.
3 films dans lesquels vous auriez aimé vivre ?
Quand je vois La dolce vita, ça me donne envie de vivre à Rome dans les années 1960. Dès qu’il y a de la mer et du soleil ça donne envie de vivre, donc à Capri dans Le Mépris de Jean-Luc Godard. Et puis je n’ai pas de troisième, donc ce sera deux.
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Lire l'article3 enquêtes de fiction qui vous ont captivé ?
J’adore les films d’enquête comme ceux de David Fincher, Se7en et Gone Girl. Memories of murderer de Bong Joon-Ho est l’un des meilleurs premiers films jamais faits [le réalisateur sud-coréen a réalisé avant Barking Dog, sorti seulement en 2006 en France ndlr]. L’une des inspirations pour la série Le Monde n’existe pas, c’était Shutter Island de Martin Scorsese. C’est une enquête très mentale, j’aime bien les films dans lesquels l’énigme est un prétexte à une quête plus intime. David Lynch fait ça aussi, des enquêtes où la vérité et la réalité se délitent.
David Fincher : « Je ne m’intéresse au thriller que s’il me permet d’atteindre la satire »
Lire l'entretien3 looks de personnages de fiction que vous auriez volontiers adoptés ?
Justement celui de Mikey Waters dans My Own Private Idaho. C’est très années 1990, grunge, avec des lunettes teintées rouges hyper stylées. J’aimerais bien adopter celui de Humphrey Bogart dans Casablanca, très classe en costard blanc. J’adore le look de Robert de Niro dans Taxi Driver : les bottes de cow-boy, la chemise, la veste très cool. En revanche, je ne prends pas la crête. Ah, et je crois que tout le monde a envie de piquer l’imperméable d’Alain Delon dans Le Samouraï. Après, le problème avec les acteurs très lookés, c’est que ça donne envie, mais si tu essaies, tu te rends compte qu’eux seuls peuvent porter ça.
Robert de Niro et sa crête dans Taxi Driver (1976)
3 films cultes que vous n’aimez pas du tout ?
L’Homme qui aimait les femmes de François Truffaut. Je me suis un peu ennuyé, j’avoue. Sérénade à trois d’Ernst Lubitsch. Je sais que c’est un chef-d’œuvre et que je suis en tort mais… non. Je reste prudent, je ne prends que des films de gens morts ! Non, je peux quand même citer L’Arche russe d’Alexandre Sokourov avec de longs plans-séquence et une grande maîtrise technique mais que j’ai trouvé chiant à crever. Et j’avoue que je me suis bien emmerdé aussi sur Citizen Kane. Je n’arrive pas à trouver ça vraiment émouvant.
3 films canadiens à voir absolument ?
La Bête lumineuse de Pierre Perrault. Je l’avais acheté en plein de copies et chaque fois que je rencontrais une personne que je trouvais sympathique, je le lui donnais. J’ai dû en offrir à peu près cinquante. C’est un documentaire, l’histoire d’une partie de chasse à l’élan, et le personnage principal est extrêmement drôle.
Je dirais aussi Mon Oncle Antoine de Claude Jutra, peut-être le plus grand film québécois [qui raconte le coming-of-age d’un adolescent dans une petite ville minière du Québec dans les années 1940, ndlr].
Mon Oncle Antoine de Claude Jutra (1971)
Et Mommy, de Xavier Dolan [sur les relations compliquées d’un adolescent hyperactif et violent avec sa mère, ndlr]. Pour moi, c’est son meilleur film, les acteurs sont prodigieux et formellement, c’est probablement son œuvre la plus inventive.