César 2024 : le meilleur des court-métrages présélectionnés

Un trip sous morphine, un buddy movie pas comme les autres, des moteurs en chair artificielle… On a visionné les court-métrages présélectionnés aux César, disponibles sur Arte et France Télévisions. Voici notre top 5 – en toute subjectivité. 


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#1 ICE MERCHANTS par João Gonzalez 

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Avertissement : film le plus mignon de la sélection. Pas un mot, de jolis dessins au crayon, la recette est simple mais la magie opère. Pendant une quinzaine de minutes, nous suivons le quotidien d’un père et son fils qui, du haut de leur montagne enneigée, fabriquent de la glace avant de descendre en parapente la vendre en ville. Mais dans cette vie qui paraît être la bohème idéale, une ombre plane : à qui appartient cette tasse bien rangée dans le placard que personne n’utilise ? Avec des images poétiques, João Gonzalez métaphorise le deuil de la mère et montre à quel point l’amour paternel permet de vaincre toutes les batailles. 

Disponible sur France Télévisions jusqu’au 15 mars

#2 RAPIDE par Paul Rigoux 

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C’est une coloc’ où l’un dort jusqu’à midi et angoisse le reste du temps, tandis que l’autre ne se pose pas de questions et vit à 1000 à l’heure. Avec deux copines, ils passent une journée ensemble et apprennent à adopter au rythme de l’autre… Si réconcilier des personnalités opposées peut paraître “déjà vu”, Rapide réinvente ce schéma de buddy movie grâce à son humour absurde (mention spéciale à une scène de jeu de course sans queue ni tête aux airs de Robobrole de Kaamelott) et ses dialogues tantôt piquants tantôt touchants, dont un très beau débat sur l’amour. Ce récit d’apprentissage inventif fait réfléchir autant que sourire. 

Disponible sur France Télévisions jusqu’au 15 mars.

#3 LA MACHINE D’ALEX de Mael Le Mée 

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On a trouvé l’héritier de Julia Ducournau. Dans La Machine d’Alex, Mael Le Mée raconte l’histoire d’une jeune étudiante en biomécanique (incarnée par Lomane de Dietrich) qui passe ses journées à réparer des voitures dont le moteur est fait de chair artificielle. Mais ses nuits, elle les emploie à la création d’une machine (toujours en carnation bien visqueuse) dont elle se sert pour se masturber. Un scénario étrange, parfois rebutant mais surtout fascinant qui livre d’intenses réflexions sur la sexualité (où se place la frontière du bizarre ? De l’immoral ?). Le tout sublimé par la photographie d’Arnaud Alberola, qui manie habilement l’esthétique gore et sombre des films de genre nouvelle génération. 

Disponible sur France Télévisions jusqu’au 15 mars. 

César 2024 : les courts métrages présélectionnés révélés

# 4 SCALE de Joseph Pierce 

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Il faut avoir le cœur accroché pour regarder ce court-métrage qui nous plonge dans la tête d’un accro à la morphine. Sur le point de mourir dans un accident de voiture, le personnage fait le bilan et revoit les moments clefs de sa vie (la première fois qu’il a su se fabriquer sa drogue, le départ de sa femme et de ses filles). Mais ses pensées s’entremêlent, faisant passer le spectateur d’une scène à une autre sans transition. Les images – inspirées de la BD – se déforment progressivement et viennent nourrir l’atmosphère angoissante du film. Peu à peu, le personnage perd forme humaine et se mue en monstre aux yeux exorbités et à l’énorme bouche. Même si on se sent soulagé quand le cauchemar s’arrête au bout de quinze minutes, on ne peut nier que provoquer autant d’émotions fortes en un lapse de temps si court relève du grand art. 

Disponible sur Arte jusqu’au 30 avril. 

# 5 Saintonge Giratoire de Quentin Papapietro

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Documentaire, sketch ? Saintonge Giratoire joue avec les codes pour livrer un ovni cinématographique. A l’aide d’images de rond-point prises depuis la fenêtre d’une voiture en mouvement (attention à ne pas choper le tournis), une voix off raconte l’histoire de la région Saintonge, de l’occupation romaine jusqu’à nos jours, et livre une déclaration d’amour à son patrimoine gastronomique (les huîtres, les escargots). Avec une esthétique amateur revendiquée (des poussières viennent régulièrement se nicher dans l’objectif de la caméra), une musique volontaire discordante (seul un tambour et des petites clochettes) et des réflexions WTF ( “La cagouille [terme qui désigne un escargot, ndlr] est-elle vraiment narcissique ?”), ce court-métrage est un vrai bijou d’humour absurde.  

Disponible sur France Télévisions jusqu’au 15 mars

Pour terminer, quelques mentions spéciales. En premier, 27 d’Anna Flóra Buda (Palme d’Or du court-métrage 2024) qui retrace la soirée d’anniversaire d’une jeune femme de 27 ans bien déprimée à l’idée de ne pas avoir de travail et de vivre encore chez ses parents (disponible sur Arte jusqu’au 8 juin). Et enfin, Ville éternelle de Garance Kim, une petite pastille ensoleillée qui suit les premières heures d’une amitié née du hasard (disponible sur Arte jusqu).

Pour rappel, la Sélection Officielle des César sera annoncée le 24 janvier et la cérémonie se tiendra le 23 février 2024 à l’Olympia (rediffusée en clair sur Canal+) 

Image de couverture : Ice Merchants de João Gonzalez