Découvrez le compte Instagram de fantastinen.ai en cliquant ici.
« J’ai passé 25 ans dans les industries créatives à divers postes, de programmateur d’interface à directeur artistique. Durant ces douze dernières années, j’ai travaillé en tant que designer UX [designer d’interface numérique, ndlr]. La capacité de faire de l’art ne figurait pas dans mes cartes chances avant 2022.
J’ai découvert les I.A. à cette époque, en travaillant pour un client qui cherchait à intégrer ces outils à son processus de travail. Même s’ils n’étaient vraiment pas au point à ce stade, j’y ai tout de suite décelé un immense potentiel. J’ai aussi découvert simultanément une large communauté de créateurs, qui commençaient à produire des choses fascinantes. Rapidement, ma passion pour les I.A. est devenue une sorte de travail secondaire : j’y consacre énormément de temps.
L’I.A. est, pour moi, un stimulateur de créativité qui me permet d’explorer des concepts et une esthétique à un rythme inenvisageable auparavant. C’est un outil formidable pour expérimenter, qui me permet d’appréhender des idées que j’aurais rapidement abandonnées autrement. Je pense que les artistes plus traditionnels devraient s’y essayer pour tenter de sortir de leur style habituel, pour explorer de nouvelles possibilités.
Les arts visuels et la littérature jouent un rôle important dans mes créations. Mais je crois que c’est surtout la musique qui stimule mon imagination. Il y a d’ailleurs un aspect sombre dans mon travail, que je mets sur le compte de la musique alternative des années 1990 avec laquelle j’ai grandi. Je suis en effet très attiré par l’étrange, le grotesque : en somme, j’aime déceler la beauté dans ce qui n’est pas conventionnel.
Dans le même ordre d’idée, je m’inspire de médiums analogiques, en cherchant à renouer avec les imperfections de, par exemple, la linogravure ou le collage. J’adore confronter cette technologie de pointe à une esthétique plus datée. J’ai l’impression que ce mix créé une tension fascinante entre le passé et le futur. Néanmoins, mon style m’empêche, pour l’instant du moins, d’investir les images en mouvement. Les contrôles que vous offrent les générateurs vidéo sont encore exclusivement adaptés au photoréalisme.
Selon moi, il y a quelque chose de similaire entre l’IA et la photographie de rue, puisqu’elles impliquent toutes deux une grande part d’aléatoire. Dans la photographie de rue, vous pouvez gérer les réglages de votre appareil, mais vous ne parviendrez jamais à totalement contrôler votre sujet. Il faut que vous sachiez patienter pour saisir le moment opportun. L’I.A. vous impose une danse similaire entre l’imprévisible et votre capacité à saisir à la volée quelque chose de merveilleux.
Personnellement, j’assume pleinement utiliser l’I.A. pour mes œuvres : je tague en ce sens chacun de mes posts et même mon pseudonyme d’artiste ne fait aucun mystère des outils que j’exploite. Je comprends cependant que certains artistes rechignent à admettre exploiter l’I.A., parce que vous pouvez rapidement recevoir un torrent de haine de la part des réfractaires à cette technologie. À titre personnel, ça fait suffisamment longtemps que je gravite autour de milieux artistiques pour savoir que, si je reçois beaucoup de haine, c’est que je suis sur la bonne voie !
Et puis ces retours négatifs viennent principalement d’une ignorance des outils : certaines personnes pensent encore que travailler avec l’I.A. est « trop facile », ou que ces outils diluent la créativité. Certes, tous les gens qui exploitent les I.A. ne sont pas honnêtes, talentueux ou inventifs. Mais c’est déjà le cas dans n’importe quel autre medium d’expression artistique. »
*les alebrijes sont des sculptures populaires au Mexique, des créatures fantastiques aux couleurs vives.
Image © fantastinen.ai