Dans ce portrait de groupe qu’est I Comete, le protagoniste est sans aucun doute Tolla, petit village corse à flanc de montagne et logé près d’une rivière. Chaque microséquence s’organise autour d’un unique plan fixe dans lequel le paysage éclate de beauté et murmure son immuabilité. Passé par la troupe expérimentale des Chiens de Navarre, Pascal Tagnati mêle dans ce lieu idyllique comédiens professionnels et autochtones.
Loin de s’arrêter à la perfection d’une carte postale, il fait un portrait sensible de l’endroit tout en touchant du doigt la complexité et les contradictions de son histoire et de ses habitants. Dans le montage de ce film choral foisonnant de récits – individuels ou collectifs, politiques ou sentimentaux –, de chansons populaires, de mythes et de légendes revisités se croisent le motif odysséen du départ de l’île et celui de la disparition des traditions – à travers une vieille femme mourante atteinte d’Alzheimer. Il n’est pas anodin que l’idiot du village revienne souvent dans cette farce qui se mue en tragédie. Il nous renvoie au vers de Shakespeare : « La vie est une histoire racontée par un idiot, faite de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. »
I comete de Pascal Tagnati, New Story (2 h 07), sortie le 20 avril
Image (c) 5à7 Films