La nouvelle : Gessica Généus

À 35 ans, l’actrice et réalisatrice haïtienne impose son style puissant et mature avec l’excellent « Freda », son premier long métrage de fiction, remarqué cette année à Cannes.


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Avec sa robe violette sertie de bijoux et ses cheveux relevés en arrière comme une couronne, Gessica Généus nous fait l’effet d’une reine quand on la rencontre sur une terrasse cannoise. Douce et sûre d’elle, elle dégage une sagesse étonnante, que l’on attribue vite à son parcours. Élevée dans le nord de Port-au-Prince par une mère célibataire, elle quitte le foyer à 17 ans pour devenir actrice, surfant sur l’âge d’or du cinéma haïtien.

Gessica Généus : « En Haïti on ne devient jamais adulte parce qu’on est obligé de rester en tribu pour survivre »

Après le tremblement de terre de 2010, une bourse d’études l’emmène à Paris, où elle étudie deux ans puis écume les castings, avant de se résigner. « Les rôles qu’on me proposait me catégorisaient trop. Surtout des femmes de ménage, dans le 93 par exemple – alors qu’à l’époque je ne savais même pas où c’était, le 93. » Rentrée au bercail, elle fonde sa boîte de prod et se met à la réalisation. Son documentaire Douvan jou ka levé (Le jour se lèvera), en 2017, sur la schizophrénie de sa mère, la révèle nationalement.

« Freda » : tranche de vie à Haïti

Avec Freda, son premier long de fiction montré à Un certain regard cette année, elle continue d’explorer la famille, cette fois en prise avec l’actualité brûlante et l’histoire complexe d’Haïti. Son prochain film ? Une plongée dans le milieu de la prostitution et des travestis du pays. Pays dont on prédit qu’elle va devenir l’une des plus grandes cinéastes.

Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS