Valentin Noujaïm, cinéaste

Diplômé de la Fémis, le jeune cinéaste part d’éléments autobiographiques pour faire jaillir l’onirisme.


b3deb0b0 4ac8 4e00 a213 9c6fbc809fc3 valentinnoujaim

Valentin Noujaïm
Cinéaste
29 ans

« Je me suis questionné sur la manière dont le cinéma français représentait les minorités. »

Fraîchement diplômé de la Fémis, ce jeune Français né de parents libanais et égyptiens franchit toutes les frontières, qu’elles soient nationales, cinématographiques ou liées au genre. Dans son court documentaire Avant d’oublier Héliopolis (2019, voir photogramme ci-dessous), il interroge sa grand-mère, chrétienne d’Egypte exilée à Lyon dont les souvenirs s’effacent peu à peu, et mêle images d’archives et immersion à la première personne dans des pyramides reconstituées en 3D.

c527a86e f188 44ff 94e2 8d6a46f7ff38 valentinnoujaimavantd oublier

Valentin Noujaïm part souvent d’éléments autobiographiques pour faire jaillir l’onirisme : dans ses films expérimentaux Eros & Thanatos et L’Etoile bleue (voir bande-annonce ci-dessous), il explore respectivement la pulsion scopique et le parcours d’une famille multiethnique en jouant avec différents régimes d’images (caméra DV, archives, vidéos sur des panneaux publicitaires). Son premier court métrage de fiction, Les Filles Destinées, a reçu l’aide du CNC et est en post-production. Il développe en parallèle son premier long autour d’une foule de personnages féminins, La Nuit des Reines« une soirée galante qui se transforme en soirée sanglante, une fête du 14 juillet dans le château d’un royaume arabe colonisé par la France », avec des références à Marie-Antoinette et Dalida. On signe où ?

LE DÉCLIC 

« Il est arrivé assez tard. J’ai toujours pensé que je n’étais pas légitime pour faire de l’art. A 21 ans, j’ai travaillé dans un petit cinéma à Los Angeles pendant une année d’échange. Ils montraient des films autour de la thématique « Pyschotic Women ». Il y avait des intervenant.e.s et des conférences, ça m’a passionné de voir à quel point le cinéma pouvait et devait être politique. Je me suis questionné sur la manière dont le cinéma français représentait les minorités et en particulier les arabes et les pédés comme moi. Ça m’a donné envie d’écrire et de faire des films, de montrer d’autres choses, de raconter des histoires différentes, des histoires romantiques, fantastiques, science-fictionnelles, des histoires queer et anti racistes, des histoires qui viennent questionner la société française actuelle. »

LE FILM QUI L’INSPIRE 

« Looking for Langston de Isaac Julien, un moyen métrage magnifique de 1989 sur la vie fantasmée et rêvée du poète afro-américain Langston Hughes à Harlem au début du XXème siècle. Isaac Julien imagine et crée de la fiction à partir de la supposée vie homosexuelle du poète et d’un recueil de poèmes homosexuels qui aurait disparu. Le réalisateur imagine que le poète retrouve ses amants dans un club où les hommes noirs dansent et s’aiment en cachette. La mise en scène, la voix off du film, les scènes de sexe, la musique, les costumes, les acteurs – c’est une véritable odyssée entre le documentaire et la fiction. » 

Son Instagram : @vnoujaim