Sorti en France en juin 1997, Menteur menteur connut un beau succès (plus de 1,5 million d’entrées), mais les critiques ne goûtèrent pas franchement cette comédie dans laquelle Jim Carrey incarne un avocat qui gagne tous ses procès en mentant éhontément, jusqu’à ce que son fils fasse un vœu qui rend soudain le mythomane incapable de mentir pendant vingt-quatre heures. « En 1997, on se disait que le film se contentait de répéter une formule connue où Jim Carrey fait des grimaces régressives, mais on se rend compte vingt-cinq ans plus tard que Menteur menteur offrait un spectacle très politique en faisant tomber le masque social », confie Adrien Dénouette, auteur de Jim Carrey. L’Amérique démasquée (Façonnage Éditions, 2020).
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Contraint de devoir dire la vérité à toutes les personnes qu’il croise, le héros du film ressent une souffrance qui déforme littéralement son visage et fait qu’il se sent tiraillé au point de se frapper lui-même. « C’était une bonne idée de placer le film dans le cadre d’un tribunal : c’est comme si Jim Carrey faisait son propre procès, celui du théâtre social, celui des winners et des cols blancs qui manquent cruellement d’exemplarité. Sa filmographie devenait à ce moment-là frontalement critique envers la classe supérieure américaine. »
Autre constat inattendu a posteriori : le parallèle avec le président des États-Unis de l’époque, Bill Clinton, qui se retrouva l’année suivante empêtré dans l’affaire Monica Lewinsky et fut accusé de parjure pour avoir nié sous serment avoir eu des rapports sexuels avec la jeune femme avant de dire le contraire quelques mois plus tard. « La comparaison avec le film a été faite en Amérique, ce qui prouve l’importance culturelle qu’avait acquise Jim Carrey. Clinton fut un président qui n’arrivait pas à supporter le poids de son exemplarité, et c’est pile ce que raconte le film. Cela me fait dire que Jim Carrey était vraiment le visage de l’Amérique des années 1990. »
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Illustration : Sun Bai