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« Sixième sens »de M. Night Shyamalan fête ses 20 ans
- Damien Leblanc
- 2019-12-19
Vingt ans après son triomphe en salles, Sixième sens reste étroitement associé à son twist final, dont le secret fut miraculeusement gardé. Un exploit qui semble impossible à rééditer aujourd’hui.
Plus gros succès de la carrière de Bruce Willis, autant en France (7,8 millions d’entrées) que dans le monde, le troisième film de M. Night Shyamalan bénéficia d’un bouche-à-oreille exceptionnel. « Sixième sens, c’est d’abord un scénario qui, de l’avis de tous les gens qui l’eurent entre les mains à Hollywood, était une poule aux œufs d’or », confie David Honnorat, journaliste qui a participé à l’ouvrage collectif Contes de l’au-delà. Le cinéma de M. Night Shyamalan (Vendémiaire, 2015). « La grande force du film reste sa surprise finale et la façon dont elle est amenée. » Narrant l’histoire d’un psychologue (Bruce Willis) qui vient en aide à un jeune garçon perturbé par la vision de fantômes (Haley Joel Osment), Sixième sens offrait en effet un ingénieux twist. « Comme dans d’autres films de 1999 tels qu’American Beauty, on suit la crise existentielle d’un homme blanc dans l’Amérique de la fin du xxe siècle. On croit donc que Shyamalan nous raconte les soucis d’un personnage avec son mariage, mais la fin révèle qu’il n’a en fait aucun problème de couple. Si le héros est choqué de découvrir sa propre mort, il comprend en même temps que son épouse l’aime encore. C’est un twist très positif, naïf et anachronique, au vu des twists plus sombres de l’époque comme celui de Fight Club. »
La parfaite préservation du secret final semble également tenir du miracle. Sixième sens sortit ainsi en France le 5 janvier 2000, cinq mois après les États-Unis, sans que la fin ne fût dévoilée à personne. « Internet n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui, et il n’y avait pas cette psychose du spoiler, renforcée par les séries et les réseaux sociaux. Le public a spontanément protégé la fin. » La tonalité de la conclusion expliquerait aussi le phénomène de société. « Le marketing avait mis en avant l’aspect “film d’horreur avec un enfant”, mais c’était un contre-pied, car Sixième sens nous apprend lentement à surmonter nos peurs, comme toute l’œuvre de Shyamalan. L’apaisement final permettait de recommander le film même aux personnes qui n’aiment pas le cinéma horrifique. »
Damien Leblanc
ILLUSTRATION : ANNA WANDA GOGUSEY
https://www.youtube.com/watch?v=xIfVxkvl6h8&t=1s