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« Inception » de Christopher Nolan
- Damien Leblanc
- 2020-06-30
Sorti il y a dix ans, le thriller de science-fiction de Christopher Nolan (qui ressort en salles cet été) conserve aujourd’hui un fort pouvoir de fascination, au-delà de ses diverses influences manifestes.
Le film, sorti en juillet 2010, met en scène un voleur expérimenté (Leonardo DiCaprio), capable de pénétrer le subconscient des individus, qui va se heurter lors d’une périlleuse mission aux douloureux souvenirs de sa défunte épouse (Marion Cotillard). « Inception est sous influence, explique Timothée Gérardin, auteur de Christopher Nolan. La possibilité d’un monde (Playlist Society, 2018). Il mêle film noir, film d’espionnage à la James Bond et accents de science-fiction à la Kubrick. »
Mais derrière ces imposantes références, ce blockbuster au budget de 160 millions de dollars représente surtout un film très personnel pour Christopher Nolan (« Il y reprend des ingrédients de ses premières œuvres : comme dans Memento, on suit un héros qui, en perdant l’être aimé, a perdu l’accès à la cohérence du monde »), et un authentique film d’auteur. « Son minimalisme le rend unique. Le concept de l’emboîtement des rêves n’engendre pas un foisonnement visuel comme chez Luis Buñuel ou chez David Lynch ; la réalisation est au contraire épurée. »
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La comparaison récurrente avec Paprika (2006), film d’animation de Satoshi Kon consacré à l’onirisme, est également nuancée par Gérardin. « L’approche d’Inception s’avère plus grise, on dirait une comédie musicale vidée de ses couleurs. Nolan revendique par ailleurs des influences littéraires plutôt que cinématographiques, comme celle de Jorge Luis Borges. Et le film renvoie au mythe d’Ulysse, qui part longtemps en voyage et peine à être reconnu par Pénélope. »
Plus grand succès de Nolan en France avec près de 5 millions d’entrées, Inception offrait aussi une réponse à Matrix. « Les deux films parlent d’une réalité qui peut à tout moment se décomposer, mais les sœurs Wachowski sont des progressistes qui proposent de se réinventer alors que le héros damné de Nolan reste prisonnier du monde virtuel. » Ce qui n’empêche pas la générosité : « Inception vulgarise des notions scientifiques comme la relativité du temps. C’est complexe, mais jamais brumeux. »
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Inception de Christopher Nolan, ressortie le 15 juillet
Illustration : Anna Wanda Gogusey