Les parents de Salomé se mettent en couple à trois, mais sans donner d’explication à leur fille et sans parvenir à trouver l’équilibre dans leur nouvelle configuration amoureuse. Avec ces non-dits, Sarah Lasry compose une mise en scène à hauteur d’enfants : filets de lumière par des portes entrouvertes, serrures dans lesquelles on peut poser un œil discret, regards implicites entre les adultes que les enfants, pas dupes, savent très bien décoder. Un jour, des verrues poussent sur le nez de Salomé – on peut se demander si elle somatise, mais la cinéaste ne tranchera jamais, basculant soudain et avec brio dans le cinéma de genre.
Tandis que le père de Salomé, devenu irascible, tend à la rejeter autant par peur qu’elle soit contagieuse que par appréhension qu’elle ne s’immisce dans ses affaires, une dermato va donner les moyens à la jeune fille de prendre de l’assurance… À partir de cette scène où l’azote liquide vaporeux ciblant les verrues remplace le chaudron de sorcière, Lasry, jouant habilement avec l’étrange, met au jour la masculinité dégoulinante du père de Salomé, le déséquilibre qu’il installe dans son couple, son hypocrisie que la fillette découvre. Renversant le rapport de force dans une séquence chorégraphiée en transe, flirtant avec le film-rituel, la cinéaste révèle alors la part occulte des relations parents-enfants.