Si on la connaît en tant que comédienne, Charlotte Le Bon s’est aussi mise à briller derrière la caméra en 2018 avec Judith Hôtel, un court métrage de genre racontant l’histoire d’un établissement mystérieux promettant à des insomniaques de les soigner de manière radicale. Très admirative de ce court, j’attendais avec impatience que la réalisatrice émergeante s’essaye au format long. Vœu exaucé avec Falcon Lake, une histoire d’amour de vacances comme on pourrait en avoir vu beaucoup, sauf que, dans cette histoire-là, la jeune fille, Chloé, a une fascination toute particulière pour la mort.
Persuadée que le fantôme d’un adolescent noyé dans le lac hante les environs, elle raconte ses idées noires à Bastien, qui va se laisser entraîner dans cette spirale de réflexions morbides, par amour et par désir pour la jeune fille. Charlotte Le Bon traduit admirablement avec sa caméra cette incursion du fantastique dans un paysage bucolique et baigné de soleil. Les apparitions du personnage de Chloé sont mises en scène à travers des codes qui rappellent le gothique : une silhouette découpée par un éclair dans la nuit, un plan de dos où ses cheveux au vent gesticulent vers la caméra comme ceux d’un spectre en train de flotter, la découverte de son corps inerte au milieu de paysages ouverts…
Des plans qui surprennent et qui détonnent avec le reste du film, et qui montrent à quel point Charlotte Le Bon sait utiliser ces références avec précision et surtout avec un style propre. Ce glissement de la mise en scène vers le fantastique va progressivement dominer le récit et changer le film en véritable histoire de fantômes, pour mon plus grand plaisir de spectatrice, qui n’en espérait pas tant.
Falcon Lake de Charlotte Le Bon, Tandem (1 h 40), sortie à venir
Image (c) Tandem Films