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EXPO · Les associations baroques de Matthew Barney
- Julien Bécourt
- 2024-07-15
Sculpteur, performeur et cinéaste, Matthew Barney a réalisé des films qui ont pavé la voie à un cinéma baroque et spectaculaire, retraçant sous un prisme ésotérico-psychanalytique l’édification du mythe américain et de sa violence masculiniste. Il revient à Paris pour deux expositions simultanées.
Si son « Cremaster Cycle » (1994-2002) avait marqué les esprits en associant mythologie antique, fétichisme pansexuel et société du spectacle, la vidéo SECONDARY (2023), scindée en cinq écrans, s’emploie plus spécifiquement à reconstituer le match de football américain qui opposa en 1978 les Oakland Raiders aux New England Patriots.
Lors de ce match tristement célèbre, l’un des défenseurs, heurté de plein fouet par un receveur du camp adverse, tomba à terre et resta paralysé à vie. Ancien athlète de haut niveau, Matthew Barney s’attache à la brutalité de la compétition sportive, célébrée par les médias américains, et met en relief l’intrication de la violence et du divertissement.
Onze danseurs vieillissants, dont Barney lui-même, réinterprètent le match sous forme de chorégraphie en réitérant au ralenti l’instant de la collision. Les notions de puissance, d’élasticité, de vulnérabilité et de mémoire sont incarnées par des objets en polymère, en plomb, en aluminium et en céramique, que les performeurs manipulent à tour de rôle. Dans une exposition additionnelle, les accessoires du film sont agencés sous forme de sculptures, enrichies de diagrammes occultes tracés sur de grands panneaux d’aluminium. D’une grande sophistication formelle, l’œuvre de Matthew Barney est décidément toujours aussi fascinante dans son va-et-vient entre la violence réelle et sa transfiguration symbolique. Que les dieux de l’Olympe veillent sur lui !
« SECONDARY », jusqu’au 8 septembre, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain ; « SECONDARY: object impact », jusqu’au 25 juillet, à la galerie Max Hetzler
Image : © Matthew Barney – Photographie de production : Jonathan O’Sullivan – Courtesy de l’artiste, Gladstone Gallery, Sadie Coles HQ, Regen Projects et Galerie Max Hetzler