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DIVINE GANG · Very Nasty Stories : « Les gays, il est temps de retomber amoureux du cinéma d’exploitation »

  • Quentin Grosset
  • 2024-11-14

Des analyses de films de genre pointues qui questionnent la place des queers dans le cinéma d'horreur. C'est le contenu que propose Maxence, derrière le compte « Very Nasty Stories » sur Insta et Tiktok, qui construit un argumentaire à la fois drôle, poignant et ingénieux. Portrait.

Sacrons-le sobrement nouveau « Maître des ténèbres ». La dernière personne en date à avoir été adoubée de ce titre dark suprême n’est autre que la légendaire Elvira, cette speakerine américaine lugubre, acide et glamour qui, dans les eighties, avait sa propre émission sur les films d’horreur, Elvira’s Movie Macabre.

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Sur TikTok et Instagram, avec son compte Very Nasty Stories – une référence aux vidéos nasties, ces VHS sanglantes censurées à l’ère Margaret Thatcher en Grande-Bretagne –, Maxence, 33 ans, vient de lui consacrer l’une de ses vidéos explorant la queerness des cinémas d’horreur. Il raconte la façon dont le récent coming out lesbien de Cassandra Peterson, l’interprète d’Elvira, a déchaîné des hordes de mascus qui ont vu leur fantasme se briser – mais a surtout agrandi sa base de fans queer.

Elvira, Maîtresse des Ténèbres de James Signorelli © NBC Television

« Les gays, il est temps de retomber amoureux du cinéma d’exploitation », invite Maxence, clamant que celui-ci a toujours été du côté des queer, célébrant les monstres et les marges, pulvérisant les normes à coup d’hémoglobine cheap et de mauvais goût. Son compte foisonne de trouvailles drôles, érudites et inattendues.

« L’idée est née pendant un date. Le mec m’a dit que, pour lui, ce cinéma renvoyait une image bourrin, misogyne et homophobe. Il y avait peut-être un truc à faire pour le réhabiliter. » On est sur-fans de ses analyses sur la non-binarité dans Le Fils de Chucky (2004), sur la morsure comme allégorie de l’épidémie de VIH-sida dans le porno Gayracula (1983), ou encore sur la culture cuir au ciné.

Le Fils de Chucky de Don Mancini

Pour ne rien gâcher, celles-ci sont ponctuées par les plus terrifiantes saillies de la télé-réalité – Karine Le Marchand qui surgit et vous étiquette « Gay ! » façon jump scare – ou par des mèmes géniaux – comme celui avec Leatherface (Massacre à la tronçonneuse) et Ghostface (Scream) faisant l’amour, orné de la légende « This could be us (mais tu utilises bien trop souvent le mot nanar) ».

Cette passion, il l’affine dès son enfance à Riom, près de Clermont-Ferrand, passée à lire les livres de la collection « Chair de poule ». Dès que sa grande sœur le gardait, elle le mettait devant des films d’horreur pour pouvoir embrasser son copain tranquille. Ado, il saigne le forum horreur-web.com et le blog Fears For Queers et télécharge toutes leurs recos. Ça va des productions Troma (il voue un culte à Fag Hag, 1998, sur une jeune femme solitaire idolâtrant la communauté gay de manière un peu creepy) au roi du film d’horreur gay David DeCoteau, ou encore du mélancolique Jean Rollin (son cinéaste préféré) au sulfureux Kenneth Anger.

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« En tant qu’ado queer, on se cherche une safe place quelque part. Moi, c’était tout ce cinéma bizarre qui me renvoyait que je n’étais pas si bizarre », confie-t-il. Grandir dans les années 2000, c’était pourtant tomber sur le démon grêlé Freddy Krueger qui se fait traiter de « tapette » par Kelly Rowland dans Freddy contre Jason (2003). Si la scène avait blessé Maxence à l’époque, il a depuis fait de Very Nasty Stories un salvateur contrepoint. On compte sur lui pour continuer à l’affirmer coûte que coûte.

Freddy contre Jason de Ronny Yu

« J’expose ma tête, ma sexualité, et des goûts un peu particuliers. Ça n’a pas pris longtemps avant que je reçoive un message “sale pédé”. Là, ça passe par les réseaux, mais combien de fois dans la vie, on m’a dit qu’il fallait être un peu dérangé pour aimer ces films ? »

Contre ces raccourcis, Maxence défriche des histoires queer et impulse un ton ultra positif – comme dans sa dernière vidéo sur la naissance de l’amitié fertile entre deux gays, John Waters et notre sainte, Divine. Comment devenir les êtres les plus répugnants de la terre, se demandaient-ils dans Pink Flamingos (1976) ? Ne serait-ce que parce qu’il se pose cette question, évidemment que Maxence fait partie du gang.

Image © Very Nasty Stories

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