La chanteuse et comédienne Juliette Gréco est décédée ce 23 septembre à 93 ans. Elle a notamment été l’héroïne de films de Jean Cocteau, Jean Renoir et John Huston.
Ancien petit rat de l’Opéra au Palais Garnier, figurante à la Comédie française, grande habituée de Saint-Germain-des-Prés où elle croisait de nombreux intellectuels comme Jean-Paul Sartre et Albert Camus, chanteuse de cabaret, interprète de Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Miossec ou Benjamin Biolay…
La grande Juliette Gréco a marqué, à travers ses interprétations veloutées et espiègles, l’univers de la chanson française. On connaît moins bien sa carrière cinématographique, qui vaudrait pourtant la peine de s’y attarder. En 1950, alors que son premier 33 tours vient de sortir, et que Raymond Queneau lui a écrit Si tu t’imagines, la chanteuse interprète Aglaonice dans le superbe Orphée de Jean Cocteau. En 1953, elle tourne avec Jean-Pierre Melville Quand tu liras cette lettre, puis gagne les faveurs d’Hollywood en jouant dans Le Soleil se lève d’Henry King, son premier film américain. Par la suite, des réalisateurs tels que John Huston (Les Racines du ciel, 1958), Richard Fleischer (Drame dans un miroir, 1960) lui confient des rôles de femmes fatales et indomptables, sa chevelure brune et ses yeux félins capturant la lumière des projecteurs avec un mélange de mélancolie et de force.
Bonjour Tristesse d’Otto Preminger (1958), dans lequel elle joue son propre rôle et interprète le thème principal, marque son retour en Europe. La décennie suivante sera consacrée à ses premières amours de musique : elle collabore avec Léo Ferré, prêtant sa voix au titre Jolie Môme, et Serge Gainsbourg écrit pour elle La Javanaise en 1963. On la verra cependant dans L’Amour à la mer de Guy Gilles, sur un marin au sourire triste et une secrétaire prise dans l’agitation et les fantasmes de Paris, et dans lequel elle interprète une actrice. Récemment, elle avait fait une apparition dans Belphégor, le fantôme du Louvre, film fantastique de Jean-Paul Salomé. Un rôle fantasmatique et énigmatique qui sied bien à cette Jolie Môme, qui s’en est allée à pas de chat.