« Faites attention à un récit. Son pouvoir peut nous amener plus près de la vérité. Mais il peut aussi se transformer en une arme redoutable de manipulation. » Cet avertissement, formulé dans la deuxième scène de Disclaimer, contient tout le propos de la série. Tout au long de ses sept épisodes, deux histoires nous sont racontées. Celle, au présent, de Catherine Ravenscroft, journaliste documentariste reconnue – la fameuse citation vient d’une cérémonie de récompense en son honneur – qui, un beau jour, reçoit un roman dans sa boîte aux lettres. Elle le dévore en une nuit, puis file vomir aux toilettes. Ce roman, c’est l’histoire d’un pan de sa vie, visiblement enfoui, dont son mari et son fils ignorent tout. L’autre histoire est donc précisément celle racontée dans le livre, nettement moins glorieuse pour la jeune Catherine. Il y a vingt ans, sur une plage italienne, elle a séduit un jeune garçon. Et tout s’est très mal terminé. Mais reste à savoir de quel côté penchent les récits : l’approche de la vérité ou la manipulation ?
Adaptée d’un best-seller de Renée Knight publié en 2016, Disclaimer impressionne d’abord par son écriture impeccable. D’une narration alternée assez classique au premier abord surgissent suffisamment de rebondissements et d’ambiguïtés pour tenir en haleine, suffisamment de subtilités, aussi, pour tailler des rôles à la mesure de leurs interprètes. Cate Blanchett prête toute sa classe teintée de cruauté au personnage de Catherine, tandis que l’étonnant Sacha Baron Cohen se tient loin de son habituelle démesure pour incarner le mari terne mais trop intelligent pour ne pas avoir conscience de l’être. À la fin, il restera ces deux-là et une question brûlante, dans la fiction comme en dehors : le pouvoir d’un récit est-il le même selon qu’il émane d’un homme ou d’une femme ?
Sur Apple TV+, à partir du 11 octobre