« War Pony » Gina Gammell et Riley Keough : wild world

[CRITIQUE] Réalisé par un talentueux tandem féminin, « War Pony » suit deux laissés-pour-compte du rêve américain. Un premier film indépendant foudroyant sur des têtes brûlées trop cramées pour que les gouvernements s’intéressent à eux, et une Caméra d’or plus que méritée à Cannes 2022.


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Gina Gammell (d’abord productrice) et Riley Keough (vue et aimée dans Under The Silver Lake, The Girlfriend Experience) ont coécrit ce récit d’apprentissage avec deux Amérindiens, Bill Reddy et Franklin Sioux Bob. Elles ont ensuite filmé les descendants d’une tribu Lakota sur leurs propres terres, dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Le titre du film évoque des animaux doux obligés de partir en guerre, à l’instar des héros, de jeunes gens encore purs et innocents malgré la violence et les galères permanentes.

Un oxymore qui sied bien à cette fiction aux connotations documentaires – par son écriture, sa caméra à l’épaule, son âpreté – et aux vraies échappées lyriques : la beauté d’âme des Lakotas, l’image récurrente du bison qui vient les hanter. Cet animal totem des tribus indiennes semble symboliser leur rêve de liberté sans cesse entravé par une réalité impitoyable.

Ainsi Bill, 23 ans, et Matho, 12 ans, cherchent à tout prix une issue au deal, aux plans louches et à une société hostile. Eux et leur entourage cabossé sont mis en scène avec une empathie et une intelligence rares.

 

War Pony de Gina Gammell et Riley Keough, Les Films du Losange (1 h 54), sortie le 10 mai