Le plus mystérieux des cinéastes américains revient avec ce film-fleuve, en équilibre entre les deux versants d’une filmographie erratique et singulière. Franz et Fani, paysans autrichiens, voient leur vie bouleversée par la Seconde Guerre mondiale et la mobilisation des hommes. Franz, en dépit des risques encourus, refuse de se joindre aux nazis. Le fait qu’Une vie cachée soit inspiré d’événements réels marque un enracinement inhabituel dans une œuvre qui, depuis The Tree of Life (2011), s’est plutôt déployée jusqu’aux confins de l’univers. La fin de Song to Song (2017), quand les deux héros renonçaient à leurs rêves pour « une vie simple » sur un chantier, amorçait pourtant ce revirement terre à terre. Mais si la linéarité narrative et le cadre emprunté aux Moissons du ciel (1979) nous ramènent à ses films du siècle dernier, le cinéaste reste fidèle à ses expérimentations. À la voix off continuelle s’ajoute la beauté plastique d’images déformées par le grand-angle et diffractées par le montage, qui élèvent le récit déjà christique à une amplitude lyrique époustouflante : pas de doute, nous sommes bien chez Terrence Malick.
Une vie cachée de Terrence Malick, Orange Studio / UGC (2 h 53), sortie le 11 décembre
Image : Une vie cachée de Terrence Malick – Copyright iris productions Inc.