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Vu à Venise 2022 : “The Kiev Trial” de Sergeï Loznitsa

  • Corentin Lê
  • 2022-09-04

Prolifique, Sergeï Loznitsa continue son passionnant travail sur les images d’archive de la Seconde Guerre mondiale. Pour “The Kiev Trial” , il revient sur le procès de responsables nazis qui a eu lieu en Ukraine en 1946, et signe un film aussi précis qu’implacable.

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Le film est présenté hors-compétition.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs responsables et soldats nazis sont jugés, à Kiev, pour leur participation à de nombreux crimes de guerre perpétrés sur le sol ukrainien en 1941, parmi lesquels un massacre sans précédent dans un ravin de la banlieue kiévienne, auquel Sergeï Loznitsa a déjà consacré un film, Babi Yar. Contexte (en salles le 14 septembre). The Kiev Trial en est un appendice assumé, avec toutefois une différence de taille : là où Babi Yar. Contexte montrait, quasiment sans parole, les images de l’occupation allemande puis soviétique en Ukraine, The Kiev Trial consiste essentiellement à regarder une longue série de témoignages jusqu’à l’exécution de la sentence finale (une pendaison en forme d’étrange spectacle cathartique).

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Maisons brûlées et pillées, emprisonnements arbitraires, exécutions d’enfants, civils battus puis enterrés vivants… L’horreur monte crescendo au fil des interventions des accusés comme des témoins, Loznitsa s’attachant à suivre, à travers un montage rigoriste, le déroulement chronologique du procès. Le silence de plomb qui pouvait accompagner les images des précédents films de Loznitsa laisse donc place au déploiement d’une parole foisonnante, qui plus est redoublée par les interprètes du procès – leurs imposantes traductions, du russe à l’allemand et vice versa, ayant pour effet de décupler et d’amplifier tout ce qui se raconte.

Particulièrement patient (d’aucuns diraient austère), The Kiev Trial a ceci de fascinant qu’en laissant les témoignages se déployer ainsi dans la durée, les images des massacres évoqués à l’oral finissent par la force des choses par s’imposer à nous, comme en surimpression d’un film qui, pourtant, ne les montre pas.

 “Seul un sculpteur pourrait saisir sa détresse”, confesse l’un des témoins au moment d’évoquer la peur inscrite sur le visage de l’une des victimes qu’il a croisée durant l’automne macabre de 1941. Ce qui intéresse Loznitsa réside justement dans cette puissance évocatrice de la description, qu’il sculpte avec ses maillets et ciseaux de monteur hors pair : un raccord sur l’audience, un recadrage sur un visage ou une brève coupure au noir lors d’un témoignage suffisent, parfois, à figurer en creux toute l’ampleur de l’effroi.

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