L’intrigue du film prend la forme de son titre, celui d’un appel déchirant, une exhortation condamnée à rester dans le vide, sans réponse, puisqu’elle s’adresse aux disparus. Peu importe cette réalité, Ferdinand choisit de conjurer le sort, et de continuer à parler à son frère Victor, mort prématurément à la fin des années 1990.
Quelques années après, sur un chat internet, il rencontre Eliott, un jeune garçon qui accepte de se faire passer pour Victor au téléphone – un jeu de nécromancie à la Vertigo qui fait du bien à la fois à l’un et à l’autre, mais mettra Ferdinand dans une tension avec sa famille.
Captant ces échanges téléphoniques comme une échappée, un brouillage dans le temps, la cinéaste retranscrit autant le tragique de la situation, que la beauté trouble de la relation qu’elle crée, une sorte de pacte tacite et secret. Alternant avec de longs plans sur des routes sombres et embrumées, réminiscences douloureuses de l’accident de Victor, elle nous désoriente quelque part entre la mémoire et la fiction, nous plongeant dans l’abîme qu’elles peuvent représenter.