Comment faire lorsque le monde avance sans nous ? Lorsqu’on a l’impression de rester sur le bas-côté du bonheur individuel ou du malheur collectif qui, à sa façon, donne aussi un sentiment d’appartenance ?
La question se pose brutalement à Chris le soir du 13 novembre 2015. Elle, la fan de glam rock, toute de cuir et strass vêtue, aurait pu, aurait dû même, être au Bataclan. À la place, elle sifflait des coupes de champagne dans un bar, plantée par un malotru avec lequel elle avait un rendez-vous galant. Alors, Chris ment. S’invente un ami grièvement blessé qu’elle va voir à l’hôpital. S’implique auprès des victimes et de leurs proches. Intègre l’association « Life for Paris », destinée à leur venir en aide après l’attentat. Finit par croire à ses propres inventions.
Le parcours de cette mythomane, inspiré de faits réels, est la toile de fond d’Une amie dévouée. En quatre épisodes fascinants, la première production française de Max s’attache surtout à décrire la société qui a pu engendrer ce monstre d’un genre étrange.
Est-ce la course effrénée à la réussite ? Le fossé de la solitude, creusé encore un peu plus par ces réseaux qui nous obligent à être sociaux et sont le point de rencontre entre l’inextinguible volonté de se mettre en avant et la possibilité de le faire ?
Si son scénario évite habilement tout manichéisme, la série, réalisée par Just Philippot, doit aussi beaucoup au jeu de Laure Calamy. Naviguant avec une aisance remarquable entre l’oiseau blessé et la créature tentaculaire, l’actrice impose, entre un regard caméra dans le premier épisode et des sanglots étouffés dans le dernier, un personnage aussi grotesque que grandiose.
: Une amie dévouée, à partir du 11 octobre sur Max.
