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« Petite nature » de Samuel Theis : un récit d'apprentissage fascinant et délicat
- Quentin Grosset
- 2022-03-07
Après « Party Girl », Samuel Theis poursuit son geste autobiographique, toujours avec la même acuité sociologique, et impressionne par la subtilité avec laquelle il traite un sujet secouant et périlleux, le désir d’un enfant pour son prof adulte.
Johnny (Aliocha Reinert), 10 ans, se déshabille devant son instituteur, Adamski (Antoine Reinartz), qui lui demande, fâché, de vite remettre ses vêtements. Le thème est délicat, mais il n’y a aucune ambiguïté morale dans cette séquence qui bouscule. Le cinéaste rend la scène la plus froide possible, il n’y a aucune érotisation – un point de vue bienvenu dans le contexte actuel, où les affaires de pédocriminalité sont enfin exhumées et dénoncées. Avant ce passage, une mise en scène précise en focalisation interne nous a plongés dans la subjectivité de l’enfant, tout en observant avec une juste distance sa fascination se développer pour cet adulte.
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Lire le portraitUne situation vécue par le cinéaste au même âge, qui lui permet de sonder les tensions de classes. Dans son milieu populaire en Lorraine, Johnny développe un complexe vis-à-vis de sa mère, Sonia (Mélissa Olexa), qui l’aime comme elle peut mais ne lui offre pas les mêmes ouvertures culturelles qu’Adamski.
Johnny, bien malgré lui, est au carrefour de ces antagonismes sociaux, et Theis fouille ces structures au lieu de juger ses personnages. La confusion de son jeune héros étant alors aussi pour lui une façon de s’interroger sur la responsabilité des adultes dans leur manière de s’adresser aux enfants.
Petite nature de Samuel Theis, Ad Vitam (1 h 33), sortie le 9 mars
Image : Mélissa Olexa et Aliocha Reinert dans Petite Nature, Copyright Ad Vitam