À quoi rêvent les enfants ? À vivre d’autres vies que la leur, à s’inventer des mondes merveilleux ? À moins que ce ne soit à pénétrer là où ils n’ont pas le droit d’aller ?
Petite Maman n’est pas un récit sur le voyeurisme, celui d’un œil qui s’immiscerait dans l’anti-chambre de ce qui lui est, par nature, interdit (l’intimité des parents), mais il met en scène à la fois un impensé de l’enfance et son fantasme : comprendre que les parents ont, eux aussi, été enfants.
Le film ne fait aucun suspens de son intrigue, c’est l’une de ses délicatesses.
C’est un voyage dans le temps qui n’a besoin d’aucun artifice pour faire croire à sa réalité teintée de magie. Nelly, huit ans, vient de perdre sa grand-mère et c’est comme si elle perdait en même temps sa mère qui, dévorée de chagrin, préfère se retirer de la maison familiale qu’il faut vider, dépouiller de ses souvenirs.
Elle la retrouve dans les bois, sous les traits d’une petite fille qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau et avec qui elle va jouer. Petite Maman, comme tous les films de Céline Sciamma, raconte l’apprivoisement de deux êtres qui s’observent à juste hauteur.
Le film murmure une tendre réflexion sur la maternité et la déconstruction de son image. « Ça ne m’étonne pas parce que je pense déjà à toi », dit la petite Marion à Nelly quand celle-ci lui dévoile le secret. Il y a toujours dans les yeux des enfants de Sciamma cette petite joie et cette tristesse sourde mais lucide qui leur permet de regarder la vie autrement.
: Petite Maman de Céline Sciamma (Pyramide Distribution, 1h12), sortie le 2 juin
Images : © Pyramide Distribution