« Nostalgia » : mafia blues

A travers les déambulations d’un homme revenu à Naples après des décennies d’exil, Mario Martone ébauche un émouvant portrait de cette ville pleine de paradoxes, confrontée aussi bien à la violence qu’au spectre de sa grandeur passée.


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La représentation de la mafia au cinéma est devenue si balisée qu’il est aussi surprenant qu’agréable de se retrouver pris de court devant un nouveau film traitant du sujet. Avec Nostalgia, le réalisateur italien Mario Martone assume un pas de côté. Il n’y aura, dans l’histoire de son héros Felice (magistral Pierfrancesco Favino), revenu à Naples après quarante ans à l’étranger, rien de ce à quoi on pourrait s’attendre en de telles circonstances.

Ni guerre des gangs, ni règlement de comptes. Tout se déploie, au contraire, autour de la déambulation de l’homme de retour au bercail. Officiellement, il est là pour s’occuper de sa mère mourante et leurs retrouvailles sont l’occasion de filmer l’intimité de la vieillesse sans fard mais pas sans tendresse. En réalité, le quinquagénaire déterre ses souvenirs pour y retrouver celui d’Oreste, ami (et même un peu plus) d’enfance devenu l’un des parrains de la Camorra.

Né à Naples, Mario Martone filme sa ville aussi majestueuse que crasseuse comme un amoureux, en caressant ses fissures. Le cinéaste parvient à capter l’essence même d’une ville et, partant, d’un pays entier : ici, les curés et les mafieux se partagent l’espace géographique, politique et intime, et les fantômes d’un passé glorieux ne font qu’accentuer la misère du présent.

: Nostalgia de Mario Martone (ARP, 1h57), sortie le 4 janvier