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« No Other Land » : terrain de dialogue
- Thomas Choury
- 2024-11-12
[CRITIQUE] Signé par un collectif, et salué dans de nombreux festivals, le puissant documentaire « No Other Land » s'ouvre sur la rencontre d'un journaliste israélien et d'un militant palestinien, dont la communauté se fait expulser par l'armée israélienne. Il met en abyme le rôle politique que peut (et doit) avoir le cinéma.
Ce que documente No Other Land est édifiant : depuis des années, sous couvert de fallacieuses décisions de justice, l’armée israélienne détruit méthodiquement le village palestinien de Masafer Yatta, situé en Cisjordanie, afin de préparer le terrain à une future occupation coloniale.
L’un des co-réalisateurs, Basel Adra, est aussi le personnage principal : depuis son plus jeune âge, il filme les incessantes opérations militaires qui se succèdent, archive les démolitions, les expulsions de ses voisins et de sa famille, forcés de se réfugier dans des caves. Il dénonce les exactions et la répression qui frappe sa communauté. Ces images, avant qu’elles constituent le film, il les a diffusées sur les réseaux où il s’est fait connaître comme activiste.
Alerté par ces publications, un jeune journaliste israélien, Yuval Abraham, se rend sur place pour donner un écho plus important à la lutte en cours. Sa venue initie la production de No Other Land : le format long-métrage vient, en quelque sorte, prolonger et mettre en récit les témoignages fragmentaires et éparpillés sur Internet afin de leur donner une ampleur nouvelle, par-delà les frontières.
Les deux hommes trouvent ainsi une forme commune qui leur ouvre l’espace d’une relation possible. À mesure que le tournage documente les incessantes exactions subies par la petite communauté palestiniennes, Adra et Abraham s’apprivoisent et apprennent à se connaître à travers l’écran, se méfient l’un de l’autre, s’entraident, se soutiennent.
: No Other Land de Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham (1h35, Atelier Distribution), sortie le 13 novembre