« My Zoé » : un drame implacable

Julie Delpy revient avec un drame remuant, à la limite de la science-fiction, sur la garde partagée d’une enfant.


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Dans My Zoé, Julie Delpy incarne Isabelle, une généticienne franco-américaine nouvellement expatriée à Berlin qui vient de divorcer. Entre son ex-mari peu conciliant, avec qui il faut organiser les gardes de leur fille de 8 ans, Zoé, un nouvel amoureux, et un travail très prenant, elle ne sait plus où donner de la tête. Tout à coup, un terrible drame vient bouleverser sa vie…

Delpy nous fait perdre tous nos repères grâce à une savante construction du scénario en trois actes. D’abord une amorce qui rappelle ses comédies autofictionnelles mais sur un versant plus sombre, une deuxième partie qui nous heurte, et une troisième flirtant avec le récit d’anticipation scientifique voire l’étrange – on pense par exemple à cette scène troublante avec des femmes enceintes très âgées.

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Ces registres se succèdent, comme pour saisir le plus justement possible la complexité d’un divorce entraînant la garde partagée d’un enfant. Delpy va très loin dans les potentialités de cette situation, jusqu’à nous laisser dans le choc et l’hébétude. On ne peut que louer cet aplomb rare à bousculer ses spectateurs par des questionnements qui leur étaient insoupçonnés.

: My Zoé de Julie Delpy, Bac Films (1 h 42), sortie le 30 juin 

3 QUESTIONS À JULIE DELPY

Vous vous êtes écrit un personnage de généticienne. Pourquoi cette science vous intéresse-t-elle ?

Quand on dit « chair de ma chair », il y a quelque chose de très fort, presque une sensation physique. Je sens en moi les gènes de mon père, de ma mère… À la naissance d’un enfant, on sent de quoi il va être fait. Ça me fascine assez.

Le film pose des questions éthiques insolubles. Comment les avez-vous abordées ?

Qu’est-ce qui fait notre unicité ? Qu’est-ce que la mort ? Qu’est-ce que l’âme ? Ce sont des questions qui lorsqu’elles croisent la science m’intéressent, parce qu’elles sont un peu taboues. Après, suis-je d’accord avec le chemin de cette mère que j’incarne ? Je ne sais pas.

Vos films mettent souvent en scène des familles recomposées. De quelle manière cela vous touche-t-il ?

Je ne vis pas avec le père de mon fils. C’est toujours un peu compliqué, le partage d’un enfant. C’est l’histoire fascinante du roi Salomon : est-ce qu’on peut garder un enfant vivant si on le coupe en deux ?