Exhumant ses archives familiales, le Suisse Stéphane Riethauser instaure un dialogue fictif avec Caroline, sa grand-mère dissidente, et livre un bouleversant documentaire autobiographique. Sur une vidéo, tournée il y a des années, Stéphane et Caroline se chamaillent dans l’intimité d’une chambre. En rembobinant, Madame révèle leur blessure commune – celle qu’éprouvent ceux qu’on dit différents, incompris par un monde conservateur et patriarcal. Rendant hommage à sa grand-mère décédée, femme d’affaires indépendante aux vies multiples, Stéphane murmure, en voix off, les souvenirs qui lui restent de son éclatante personnalité et de son refus des normes. Jumeau lumineux du sublime Tarnation (Jonathan Caouette, 2004), le film, dans un incroyable collage d’archives diverses et de journaux intimes, retrace l’enfance bourgeoise du cinéaste et les injonctions de virilité qu’imposait son genre. Stéphane y raconte le bridage d’un père exigeant, ses fantasmes adolescents, puis la découverte, hautement taboue, de son homosexualité. Avec une infinie délicatesse, Madame explore la question du genre et, par l’introspection, devient un plaidoyer universel. • DAVID EZAN
Madame de Stéphane Riethauser, Outplay (1 h 34), sortie le 18 mars
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