Le film a été sélectionné en compétition à la Mostra de Venise 2022.
Dessinant de passionnantes figures féminines depuis Belle épine (drame adolescent avec Léa Seydoux sorti en 2010), Rebecca Zlotowski glorifie, avec ce cinquième long métrage, un personnage généralement secondaire au cinéma, celui de la belle-mère. Rachel (Virginie Efira), prof de français de 40 ans, entame une relation avec un charmant ingénieur, Ali (Roschdy Zem), et par là même avec sa fille de 4 ans, Leila. Mais Rachel pourra-t-elle trouver une place pleinement satisfaisante au sein de son couple et de cette famille recomposée, sans trop s’effacer au profit des autres – et notamment de la mère de Leila, incarnée par Chiara Mastroianni ?
Habitée par ce récit en partie autobiographique (notons que le père de Rachel est interprété par Michel Zlotowski, le vrai papa de la réalisatrice), Rebecca Zlotowski dépeint avec beaucoup de délicatesse l’étape de vie pleine de remous que traverse son héroïne. La cinéaste a la bonne idée d’entourer le personnage de plusieurs enfants (d’où le pluriel du titre) : Rachel s’évertue à soutenir coûte que coûte un de ses élèves en difficulté (Victor Lefebvre), alors que sa propre petite sœur (Yamée Couture) lui annonce qu’elle est enceinte.
La mise en scène capte avec brio les instants si particuliers pendant lesquels le personnage se donne entièrement à son entourage sans avoir la garantie de recevoir la même affection en retour. Virginie Efira, dont le jeu aussi puissant qu’à fleur de peau évoque certaines grandes actrices américaines (comme la Diane Keaton de L’Usure du temps d’Alan Parker), parvient à interpréter avec une telle tendresse cette héroïne intrépide qu’elle en fait incontestablement l’une des plus touchantes de l’année.