Dans , sorti en décembre dernier, Jessé Miceli prend le pouls de la jeunesse de Phnom Penh, emportée dans le torrent des mutations de la société cambodgienne. Le cinéaste a découvert le pays en 2010 et y a observé les effets de la gentrification, de l’exode de la campagne vers la ville dans un contexte de croissance urbaine, de forte densité dans la capitale – elle compte 15 % de la population totale du Cambodge, avec deux tiers de moins de 30 ans.
La délicatesse du film tient au fait que Micelli ne plaque pas de discours tout cuit sur ses trois héros, et choisit de ne pas (ou peu) entrelacer leurs parcours. À nous de faire les liens, de voir les correspondances entre ces vies. Il y a Thy, qui travaille dans un bar gay la nuit ; Songsa, que sa famille envoie dans la métropole pour vendre des vêtements sur un tuk-tuk ; et Phearum, qui effectue le plus de courses de taxi possible.
Dans ces trajectoires, on distingue alors une volonté farouche de prendre son autonomie. Miceli a aussi l’intelligence d’instiller un discours critique sur la présence occidentale dans la ville, notamment à travers ces personnages d’expats dans le bar de Thy, qui incarnent une face du tourisme sexuel.
Les Affluents de Jessé Miceli, Local Films (1 h 22), sortie le 16 février