« Le Marchand de sable » de Steve Achiepo : cauchemar éveillé

Entre drame familial, chronique sociale et polar glacial, le premier long métrage de Steve Achiepo, qui suit les pas d’un père de famille devenant marchand de sommeil, s’impose comme une œuvre à l’ampleur tragique et politique inespérée.


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Père divorcé, avec une petite fille à charge, et livreur de profession, Djo (Moussa Mansaly) vit en banlieue parisienne chez sa mère dans un cadre familial dont il peine à s’extirper. Lorsqu’une de ses tantes (Aïssa Maïga), qui fuit la crise ivoirienne (le récit est situé au début des années 2010), arrive en France avec ses trois enfants et cherche un logement, cet homme influençable va progressivement entrer dans l’illégalité pour devenir marchand de sommeil…

Centré sur ce personnage intégrant un réseau de combines immobilières qui profitent de la crise du logement et de la précarité des réfugiés, le premier film de Steve Achiepo évoque certains polars américains des années 1970 et articule de manière captivante la description d’un engrenage mafieux et le portrait de vies intimes qui subissent de plein fouet la brutalité de la jungle économique.

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Très réaliste et poignant, jusque dans la façon dont les dilemmes moraux de Djo finissent par créer du chaos faute d’avoir été résolus, ce saisissant film noir s’appuie sur un casting éclectique (où figurent aussi Ophélie Bau et Benoît Magimel) et dresse le cruel état des lieux d’une France marquée par l’impuissance de l’État à répondre à la misère sociale.

Le Marchand de sable de Steve Achiepo, The Jokers / Les Bookmakers (1 h 46), sortie le 15 février

Images (c) Léa Renner

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