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« La Passion selon Béatrice » de Fabrice Du Welz : sur les traces de Pasolini
- Boris Szames
- 2024-11-13
[CRITIQUE] Dans ce documentaire classieux signé Fabrice Du Welz, Béatrice Dalle part exhumer la mémoire de son idole, le poète et cinéaste décédé Pier Paolo Pasolini, à travers l’Italie.
Béatrice Dalle n’a pas encore atteint la majorité lorsqu’elle découvre, subjuguée, le cinéma de Pier Paolo Pasolini dans une petite salle du Quartier latin. Le plus sulfureux des réalisateurs italiens ne l’a jamais quittée depuis.
Béatrice Dalle : « J’ai envie d’opérettes sanglantes »
Lire l'entretienCette furia embrase la rétine dans La Passion selon Béatrice, pérégrinations en terres transalpines au bras de la plus transie de ses groupies. Caméra au poing, Fabrice Du Welz (Adoration, Inexorable) la suit remonter la trace du cinéaste, de décors de tournage en lieux intimes jusqu’à la tristement célèbre plage d’Ostie où l’on retrouva le corps sans vie de « P. P. P. » un matin de novembre, en 1975.
Plusieurs rencontres poignantes jalonnent ce voyage mémoriel filmé dans un noir et blanc racé entre Rome, Venise et Bologne. Les récits se superposent, se contredisent parfois. Mais tous convergent vers un même point. Chacun apporte sa pièce au portrait cubiste d’un « réalisateur rock ’n’ roll un peu gangster », amoureux « irraisonné du beau », prophète marxiste.
Fabrice Du Welz brosse en filigrane celui d’une actrice à fleur de peau, moins romantique que romanesque, mais aussi enivrée de poésie. Tantôt madone extatique, tantôt punk sublime, Béatrice Dalle se raconte d’une escale à l’autre et se rapproche chaque fois un peu plus de l’homme qu’elle porte dans sa chair.
La Passion selon Béatrice de Fabrice Du Welz, Carlotta Films (1 h 20), sortie le 20 novembre
Image © 2024 SAINT LAURENT PRODUCTIONS – VIXENS