Si les portraits de personnages obsessionnels et jusqu’au-boutistes peuplent depuis longtemps les fictions cinématographiques, L’Astronaute réussit à imbriquer de manière saisissante la structure de son récit et la démarche cinématographique de son auteur.
Pour son deuxième long métrage, Nicolas Giraud ambitionne en effet de rendre réaliste l’histoire de Jim (incarné par le cinéaste lui-même), ingénieur en aéronautique chez ArianeGroup qui construit secrètement depuis plusieurs années sa propre fusée afin de se rendre seul dans l’espace hors de toute procédure officielle. Pour réaliser ce rêve fou, cet homme à l’esprit frondeur s’entoure de proches qui doivent rester dans la confidence et contacte un ancien astronaute retiré des affaires (joué par ), qui accepte de l’aider dans son entreprise risquée et illégale.
Pari cinématographique atypique, L’Astronaute cultive une écriture au premier degré qui cadre bien avec le sujet : s’étant entouré du producteur Christophe Rossignon (La Haine, Au nom de la terre) et du spationaute Jean-François Clervoy qui fut ici conseilleur scientifique, Nicolas Giraud traite d’affranchissement et de mise en partage d’un rêve commun en insistant sur les émotions d’un entourage qui voit dans cette quête aérospatiale une occasion de réparer certaines blessures ou frustrations existentielles.
Le film fonctionne ainsi autant comme une métaphore de l’artisanat du cinéma indépendant (qui demande lui aussi de lutter contre les obstacles et les automatismes) que comme une vision futuriste d’un monde où les voyages individuels vers l’espace se seraient démocratisés. Avec patience et minutie, cette œuvre captivante finit par transmettre sa croyance quasi mystique en l’esprit d’aventure des doux rêveurs.