« Funambules » d’Ilan Klipper : malaise dans la civilisation

Le quotidien d’une poignée d’êtres rongés par des troubles psychiatriques qui s’intègrent mal dans notre société. Un documentaire aussi atypique que ses sujets, qui ne renie ni sa part de mise en scène ni sa dimension fictionnelle.


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« Ma maladie, c’est des formes et des couleurs qui se mélangent. » Aube, presque trentenaire, vit recluse chez ses parents. Son existence s’organise autour de quelques obsessions : le thé, les jolis objets, les émissions imaginaires qu’elle présente dans sa cuisine. Ilan Klipper (Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête, lire la critique ci-dessous) s’installe dans son intimité, ainsi que dans celle de Yoan, jeune homme à la violence rentrée, et de Marcus, retraité vivant dans un rare capharnaüm.

La plupart du temps, ces trois-là (et quelques autres) sont filmés hors les murs des institutions psychiatriques dont ils dépendent pourtant, de façon à montrer comment leur regard atypique sur le monde se télescope avec la réalité.

« Le Ciel étoilé au dessus de ma tête » d’Ilan Klipper : en roue libre

Funambules s’ouvre comme un documentaire à la part de mise en scène assumée, jouant avec les flous et les lumières, puis se nourrit progressivement de petits morceaux de fiction – apparition inattendue de Camille Chamoux dans le rôle de la fille de Marcus, venue l’aider à vider son appartement.

signe un film de l’entre-deux, dont chaque protagoniste a conscience d’évoluer dans un autre monde. Et nous confirme par la même occasion que vivre confiné, chez soi ou dans sa tête, n’empêche aucunement d’être inquiet.

Funambules d’Ilan Klipper, Potemkine Films (1 h 15), sortie le 16 mars.

Image : Funambules © Les Films du Bal