Au Japon, une mère célibataire paye un acteur de la société Family Romance afin qu’il endosse, auprès de sa fille de 12 ans, le rôle du père que celle-ci n’a jamais connu. S’aventurant pour la première fois en terres nippones, Werner Herzog, dans ce film fou, interroge les conséquences d’une solitude gangrenée par la peur du jugement.
À sujet contemporain, forme contemporaine : le récit est bien fictif, mais il découle d’une réalité documentaire, l’acteur en question (Yuichi Ishii) incarnant son propre rôle puisqu’il est le réel fondateur d’une « agence de location de proches ». Si d’autres cinéastes occidentaux auraient porté un regard acerbe sur de telles pratiques, l’humanisme et l’espièglerie du maître allemand l’emportent dans de courtes saynètes illustrant, en périphérie de l’apprivoisement timide entre le faux père et sa fille, le tragicomique des services fournis par Family Romance. Fidèle à son statut d’explorateur de l’extrême, Herzog démêle ici le vrai du faux d’une société en constante simulation pour révéler, derrière son excitant potentiel absurde, une bouleversante mélancolie de fin de monde.
Family Romance, LLC, Nour Films (1h29), sortie le 19 août