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  • 4 min

Vu à la Mostra de Venise 2024 : « Trois amies » d’Emmanuel Mouret

  • David Ezan
  • 2024-09-02

[CRITIQUE] Fidèle à son attrait pour le marivaudage, Emmanuel Mouret signe un mélo virtuose où s’emmêlent et s’entrecroisent les liaisons entretenues par trois amies profs (India Hair, Camille Cottin, Sara Forestier). Le tout sans bouder quelques écarts fantastiques, entouré d’un casting non moins lumineux.

On pourrait croire que l’amour n’a plus de secret pour Emmanuel Mouret, si l’on s’en tenait à une filmographie tout entière dédiée, voire dévouée à ce sentiment. Et pourtant, le cinéaste écrit moins pour en « percer » le mystère que pour tourner autour. En cerner difficilement les contours, lui dont la forme est purement immatérielle. L’héroïne Joan (sublime India Hair) en fait les frais : voilà qu’elle n’aime plus son compagnon Victor (Vincent Macaigne), sans même savoir pourquoi. Il n’a pourtant rien fait de mal, mais c’est comme ça ; l’amour circule comme le vent tourne.

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Et le cinéaste de circuler avec, au sens presque littéral. En clin d’œil à Chronique d’une liaison passagère (2022), où il filmait les lieux de l’action vidés de leurs personnages pour signifier la mort d’un amour, Mouret inaugure Trois amies par les vues lyonnaises où déambuleront plus tard les personnages. Aussi immatériel soit-il, l’amour y est donc bel et bien rattaché à des lieux.

Autant de paysages qu’il s’agira d’explorer, qu’il faudra désormais remplir ; c’est tout l’art du cinéma chez Mouret, voire du cinéma tout court. Le cinéaste s’y applique avec espièglerie, fort d’un savoir-faire et d’une minutie olympiques – qui pour lui offrir la médaille ?

Écrits sur un tempo musical, ses dialogues ruissellent au gré de plans séquences virtuoses et autres acrobaties. On y parle évidemment d’amour, de mensonge, de chagrin selon les destinées sentimentales partagées par Joan, Alice (Camille Cottin) puis Rebecca ; cette dernière campée par la lumineuse Sara Forestier, qu’on se réjouit de revoir sur grand écran et qu’on n’attendait pas chez Mouret.

Mais c’est bien le mouvement qui l’emporte sur les mots, à tel point qu’on croirait danser avec les personnages – vous avez dit marivaudage ? De ce monde étrange où chacun se court après, chacun après l’autre, Mouret se ferait donc l’architecte facétieux ; en témoignent les innombrables jeux de miroirs et raccourcis féeriques empruntés par le récit. À tel point qu’on s’y perdrait comme dans un labyrinthe, avec les larmes de Joan et le fantôme d’un amour passé pour seuls guides.

Le film sort le 6 novembre en salles.

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