Avec un sens du romanesque épatant, Pascal Bonitzer signe un film retors qui juxtapose la passion amoureuse aux théories paranormales. Pour les besoins du « récit du mois » d’un magazine féminin, Coline (Sara Giraudeau), une journaliste, part dans les Pyrénées rejoindre Simon (Nicolas Duvauchelle), un solitaire qui affirme avoir vu le fantôme de sa mère… Le titre du film dit bien le trouble dans lequel le cinéaste, en usant habilement de l’atmosphère inquiétante que suscite ce récit d’apparition, va s’amuser à plonger ses deux héros. Le visage et la voix si particuliers de Sara Giraudeau, mélange de malice et de dangerosité féline, y sont pour beaucoup, la présence de l’actrice portant le film à des degrés de tension charnelle insoupçonnés. Il faut voir aussi à quel point Pascal Bonitzer ose l’excès romanesque, entre hystérie amoureuse et revirements narratifs, jusqu’à s’aventurer sur les chemins tortueux du thriller psychologique. La réussite des Envoûtés tient de ce pari risqué, la présence des morts aux extrémités du cadre servant de prétexte à un jeu des faux-semblants dans lequel le désir se mêle à la perversion.
Les Envoûtés de Pascal Bonitzer, SBS (1 h 41), sortie le 11 décembre
Image : Les Envoûtés de Pascal Bonitzer – Copyright SBS Distribution