- Critique
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- 3 min
Vu à la Berlinale : « Art College 1994 » de Liu Jian
- Corentin Lê
- 2023-02-25
Dans une Chine en pleine transformation, des étudiants échangent sur l’art et la philosophie depuis le campus de leur université. En compétition, Liu Jian signe un film d’animation à la tranquillité amère, entre instants suspendus et retours douloureux à la réalité.
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Lire le récapAu mitan des années 1990, la Chine entre dans l’ère capitaliste. L’appât du gain s’additionne à l’attrait d’un mode de vie consumériste et occidental colonisant les esprits. Pendant ce temps, un groupe d’étudiants apprend la pratique et l’histoire de l’art dans une université quasi décrépie, sans savoir vraiment dans quelle voie s’embarquer.
À l’intérieur de leurs dortoirs séparés, les jeunes hommes rêvent tantôt d’Amérique, tantôt de signer un chef-d’œuvre ; de leur côté les jeunes femmes, musiciennes et chanteuses hors pair, semblent hantées par la pression sociale selon laquelle un bon mariage leur serait plus profitable que leurs études…
Dans ce film de campus aux accents linklateriens (entre Waking Life et Everybody Wants Some!!), le cinéaste et peintre Liu Jian saisit une époque de grands bouleversements en dressant le portrait d’étudiants aussi prolixes que désenchantés. Leur surplus de connaissances, qui se traduit en un cortège de citations à l’art et à la philosophie (Picasso, Matisse, Bacon, Nietzsche, Sartre, etc.), semble paralyser leur désir de créer. C’est sans compter l’importance des émois amoureux, au centre des séquences les plus accomplies (et légères) du film, qui leur rappellent parfois que l’art de vivre vaut bien l’art tout court.