« After » d’Anthony Lapia : un premier long fulgurant  

[CRITIQUE] Dans la furie techno d’un club ou dans une chambre feutrée, qui font les décors de cet incandescent premier long métrage autoproduit porté par Louise Chevillotte et Majd Mastoura, Anthony Lapia sait capter le mystère de ce qui rapproche les corps.


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D’entrée, on sent quelque chose qui sourd, qui tend à éclater. Dans un dédale de parkings souterrains, un son techno comme étouffé et quelques rayons violets nous attirent vers un club qu’on imagine clandestin.

Dans la suspension du temps et dans une danse acharnée, Anthony Lapia filme les visages en extase, capte les regards fuyants, les mines transpirantes, les tensions d’une fin de nuit. Sa mise en scène sensorielle et immersive s’arrête plus longtemps sur Félicie (Louise Chevillotte) et Saïd (Majd Mastoura), une avocate et un chauffeur VTC, sur leur rencontre qui ne tient qu’au hasard et à l’électricité.

Le cinéaste les suit dans un autre genre d’after, une discussion à l’aube, chez Félicie – avec la même sensibilité que dans le club, il parvient à saisir tout ce qui circule entre les mots. Vite, les deux parlent politique, du pouvoir aliénant en place.

En montage alterné, Lapia fait alors des allers-­retours entre l’appartement et la boîte, les situe dans une synchronicité retentissante entre l’indiscipline des corps en transe et la mélancolie, le désir, la colère politique brassés dans la conversation entre Saïd et Félicie. L’aube finit par poindre et, dans des jeux de lumière éblouissants, Lapia lui donne l’éclat d’un embrasement.

After d’Anthony Lapia, Potemkine Films (1 h 09), sortie le 25 septembre