À voir en ligne : « Bach-Hông » d’Elsa Duhamel

À travers l’affection d’une fillette pour une jument, la cinéaste raconte avec délicatesse la douleur bouleversante de l’arrachement de la guerre et de l’exil. Documentaire d’animation nommé aux César en 2021, Bach-Hông est le troisième court-métrage de la réalisatrice.


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LE FILM : BACH-HÔNG

Bach-Hông est le nom d’une jument que Jeanne a pu monter dans son enfance au cours d’une importante fête vietnamienne, juste avant la guerre. Elle a peu après dû quitter Saïgon, envahie par les soldats américains, et gagner la Malaisie puis la France dans les premiers boat people. Près de soixante ans après son exil, cette femme livre à la réalisatrice un témoignage d’une quinzaine d’heures.

C’est son attachement aux animaux qui sert de fil rouge au récit de son arrachement à son pays. Paradoxalement, dans ce Viêt-Nam en guerre, ce n’est pas la violence qui domine, mais la douceur du rapport de la fillette à son bestiaire domestique porté par des teintes pastel. Le souvenir d’une époque non seulement révolue, mais dont toutes les traces ont été éradiquées par les bombardements américains, passe par les palpitations de la peinture qui sautille d’un photogramme à l’autre.

Cheval jaune qui pourrait faire penser au surréalisme de Marc Chagall, bombes violettes : la réalité racontée par Jeanne est finement réinterprétée par la cinéaste.

Le court-métrage est visible sur le site d’Arte.

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LA RÉALISATRICE : ELSA DUHAMEL

Très impressionnée par le court docu animé de Jonas Odell, Jamais la première fois, Elsa Duhamel a complété sa formation en animation à l’ESAAT de Roubaix par un cursus documentaire au Créadoc d’Angoulême. Avant Bach-Hông, ses deux films d’études s’appuyaient déjà sur des témoignages réels librement mis en image.

Dans Françoise, une femme adulte évoque l’agression dont elle a été victime, enfant. Depuis son jardin du Nord de la France, un couple se souvient dans Pieds verts de sa jeunesse en Algérie. La cinéaste travaille ces courts-métrages en coloriste : le choix des tons pastel, la matière même de la couleur donnent à ressentir les émotions des personnages. Diluée jusqu’à dissoudre complètement les bâtiments de Saïgon ou la silhouette de l’amie de Jeanne, la peinture, dans Bach-Hông, traduit délicatement la soudaineté avec laquelle le monde de la fillette bascule.

Plus d’extraits vidéos sur la chaîne Vimeo de la cinéaste.