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Big Thief au Cabaret Sauvage
- Léa André-Sarreau
- 2020-02-17
En 2019, Big Thief a accompli un drôle d’exploit : sortir coup sur coup, à cinq mois d’intervalle, deux albums magnifiques, aussi différents que complémentaires. Ce qui devait susciter des débats houleux chez les fans du quatuor de Brooklyn s’est en fait soldé par une ferveur critique unanime. À travers ce geste ambitieux filtrait une vision panoramique et néanmoins très intimiste de la pop, avec d’un côté le céleste U.F.O.F., conçu dans une cabane dans les bois de l’État de Washington, fourmillant d’arrangements précieux et de sortilèges de production, et de l’autre Two Hands, son « jumeau terrien » , enregistré dans les conditions du live, au plus près de l’os, dans le studio Sonic Ranch au Texas. On peut penser que ce dernier se taillera la part du lion sur scène, non seulement parce qu’il a été pensé pour ça, mais aussi parce qu’il contient, de l’avis de la chanteuse et leadeuse Adrianne Lenker, les chansons dont elle est la plus fière à ce jour. Inutile de dire que le classicisme folk, souple et expressif, de « Not » ou de « Forgotten Eyes » siéra parfaitement à l’atmosphère feutrée du Cabaret Sauvage. On espère aussi que le groupe osera déshabiller un peu U.F.O.F., de l’étincelant morceau-titre aux ballades lévitantes « Century » ou « Terminal Paradise », histoire de prouver qu’il a bien mérité sa place dans l’olympe des songwriters américains. Et resserrer l’émotion sur la voix de Lenker qui, entre Patti Smith et Elliott Smith, gamine effarée et vieille dame rebelle, est l’une des plus justes et troublantes de notre époque. • MICHAËL PATIN
: le 25 février au Cabaret Sauvage
Image: Copyright Michael Buishas