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Clotilde Hesme, quelle cinéphile es-tu ?

  • Josephine Leroy
  • 2017-11-15

Décris-toi en trois personnages de fiction.
John McClane (Bruce Willis) dans la saga Die Hard, parce que j’aime les gros films d’action et que je pense être une femme d’action. Olive dans le dessin-animé Popeye, parce que c’était mon surnom quand j’étais petite, à cause de ma taille et de mes grands pieds.  Et puis Sue dans Sue perdue dans Manhattan d’Amos Kolleck, pour sa mélancolie.

Un film que tu ne peux pas regarder plus de trois minutes ?
Mother ! de Darren Aronofsky. C’est tout ce que je déteste, avec ce parcours d’une héroïne complètement victime et sacrifiée… L’esthétique est tellement moche, comment peut-on accepter de jouer dans un film pareil ? Je n’aime pas trop le cinéma d’Aronofsky, mais alors Mother !, c’est le pompon.

Trois comédies musicales qui t’ont emballée ?
Je sais que je peux me faire insulter pour ça, mais ça n’a jamais été mon truc. Remarque, on kiffait bien Grease quand on était petites avec mes sœurs. Peau d’âne de Jacques Demy, c’est pas mal non plus, cela dit. Je le mate avec mon fils qui adore. Et puis… bah… Les Chansons d’amour de Christophe Honoré, évidemment. On l’attendait celle-la.

Tes trois films préférés. 
N’importe quel film d’Alain Cavalier, genre Irène. C’est comme une enquête sur une femme qu’il a perdu et c’est sublime. Les films d’Alain Cavalier me touchent. C’est intime et universel en même temps. En plus, je l’ai déjà rencontré et il est charmant. Je lui ai fait une déclaration d’amour, ça m’a fait du bien.  L’Aurore de Murnau, peut-être mon film préféré de tous les temps. Mes jambes ont tremblé quand je suis sortie du cinéma du Panthéon, ça m’a fait un choc, j’ai quasiment ressenti le syndrome de Stendhal…  Et n’importe quel Die Hard. C’est comme ça. J’aime Die Hard et je l’aime en VF.

Trois duos de cinéma que tu trouves beaux?
Gena Rowlands et John Cassavetes. Ils ont une liberté, un côté aventureux qui se sent à leur façon de faire des films de troupe, de filmer le théâtre. Les frères Farrelly, parce que ça me fait bien rigoler. Et puis je vais pas être très modeste, mais je dirais celui que je forme avec Fabien Gorgeart, parce qu’une vraie rencontre au cinéma, c’est pas tous les quatre matins qu’on en fait.

Tes trois films de jeunesse?
Quand j’étais très jeune, je regardais plutôt des films américains générationnels, légers, genre Retour vers le futur, Les Goonies ou les films de Joe Dante. Il y avait Princess Bride de Rob Reiner. On adorait ça avec mes sœurs, on riait beaucoup. Tout a changé quand j’ai vu Mauvais sang  de Leos Carax, j’avais peut-être 15-16 ans. C’était pour moi un autre langage, le film avait – et il a toujours – une singularité et une force incroyables.

Trois mères de cinéma peu conventionnelles que tu admires?
Tilda Swinton dans We Need To Talk About Kevin. C’est une mère qui vit quand même dans le non-désir de son enfant. Elle fait un peu psychopathe, elle se met à côté d’un marteau-piqueur pour ne pas l’entendre pleurer, mais forcément le gamin pleure hyper fort.  L’idée de voir des mères qui ne sont pas dans une maternité évidente, c’est vachement intéressant. Je suis moi-même mère et je ne pense pas que la notion d’instinct maternel aille de soi. Je ne pense même pas que ça existe. Je crois bien plus en l’idée de construction d’un amour. Après, il y a quand même des films qui me font un effet très bizarre, comme le film sur l’infanticide réalisé par Joachim Lafosse. Ça, c’est un extrême que je ne peux pas voir au cinéma. Par contre, on peut explorer plein de terrains avec la maternité, comme dans L’Échappée belle d’Emilie Cherpitel, où je joue une femme célibataire qui se lance dans une procédure d’adoption. Ça rejoint des sujets qui me touchent.

Trois scènes de film que tu aimerais vivre?
J’adorerais courir sur un trottoir sur du David Bowie tel Denis Lavant dans Mauvais sang. Me retrouver avec Gérard Depardieu qui casse un lit, comme dans Loulou de Maurice Pialat. Pas pour être au lit avec Depardieu, attention ! Mais j’adore cette scène parce qu’on sent que c’était imprévu, qu’il fait feu de tout bois, qu’il se sert malicieusement d’un moment un peu gênant. Leur rire avec Isabelle Huppert est tellement spontané. Le génie de Pialat, c’est quand même d’avoir gardé la scène au lieu de la couper. Une scène dans Sailor & Lula de David Lynch, sinon. La scène de boîte, tiens, parce qu’elle est magique.

Trois réalisateurs/trices, mort.e.s. ou vivant.e.s., avec qui tu aimerais dîner ?
Disons Maurice Pialat, Fanny Ardant, Pierre Richard. Tous ensemble. Avec Fanny, on ferait rigoler Pialat et Pierre Richard créerait un équilibre.

Trois film sur l’enfance qui te touchent particulièrement?
Il y a ce film, en noir et blanc, où la caméra est à hauteur d’enfant, qui s’appelle Le Petit Fugitif. Il flippe et s’enfuit dans Ellis Island. Un beau film sur ce que représente le dilemme quand on très jeune. J’adore L’Enfance nue de Pialat aussi, on sent le manque d’amour. L’Incompris de Comencini. Il faut voir ce film, c’est la plus belle chose qui existe au monde. Ces films me surprennent quand même, parce que c’est pas facile de tourner avec des petits. Dans le milieu du cinéma, on dit toujours qu’il ne faut pas d’enfants, pas de bateaux, pas d’animaux.

Diane a les épaules de Fabien Gorgeart
En salles depuis le 15 novembre

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