Est-ce un rituel pour dépasser le chagrin ? Dans le flou et dans l’ombre, au milieu d’une décharge, cachée dans carlingue surmontant un îlot de débris de voitures, la musicienne, performeuse, illustratrice, et plasticienne $afia Bahmed-Schwartz nous envoie, comme elle le murmure, une carte postale de la désolation.
On regarde un peu dans son rétroviseur, et ses paroles nous renvoient à tous les accidents, les images douloureuses gisant dans les éclats de moteurs sur lesquels elle trône, fière et combative.
Refuser les évidences, prendre les émotions à revers, les triturer pour les voir d’une manière nouvelle et frontale, c’est ce à quoi l’artiste nous invite dans son album EMO ICON. Après la colère dans son précédent clip, elle attrape ici la tristesse par bribes, comme un poème heurté qui nous fait traverser ses facettes les plus inattendues. À l’image, l’artiste apparaît puis disparaît dans des fondus enchaînés noirs et vaporeux qui disent bien la dissolution à laquelle on peut céder lorsque le spleen s’infiltre. On pense un peu à la magie noire de David Cronenberg, Kenneth Anger, Marie Losier, Lydia Lunch… Et au final, la lumière revient.
$afia Bahmed-Schwartz poursuivra l’introspection ce samedi 1er octobre à l’occasion de la Nuit Blanche. Au Point Éphémère, elle donnera un concert et on pourra voir sa nouvelle exposition « Bleues » – qui durera jusqu’au 20 octobre. Les émotions y prendront à coup sûr de nouvelles formes.
Image de couverture : © Pauline Bertholon