Les nommés aux César ont été annoncés ce 24 janvier. Le Règne animal de Thomas Cailley et la Palme d’or raflent la mise avec respectivement 12 et 11 nominations – des choix attendus étant donné le succès public et critique de ces deux films. Mais en regardant la liste de plus près, on y déniche quelques surprises. Une meilleure représentation des réalisatrices, des acteurs nommés dans plusieurs catégories… On fait le point.
Plus de réalisatrices que de réalisateurs
On s’était tristement habitué à la sous-représentation des femmes cinéastes dans les compétitions et récompenses du 7e art. De la création de la cérémonie en 1976 jusqu’en 2015 : voir deux femmes dans liste des nommés à la meilleure réalisation n’est arrivé que trois fois (Agnès Varda et Coline Serreau en 1986, Agnès Jaoui et Patricia Mazuy en 2001, Valérie Donzelli et Maïwenn en 2012). En 2023, aucune d’entre elles n’a été nommée malgré les succès des films d’Audrey Diwan (L’Evénement) et Rebecca Zlotowski (Les Enfants des autres).
Mais en 2024, aux César (contrairement aux Oscars où la seule femme nommée en Justine Triet), la tendance s’inverse. Parmi les cinq compétiteurs, trois sont des femmes : Catherine Breillat pour L’Eté dernier, Justine Triet pour Anatomie d’une Chute et Jeanne Herry pour Je verrai toujours vos visages. Ce n’est pas la première fois que trois femmes sont en lice pour cette récompense. Cela s’est déjà produit en 2016, 2017 et 2022 mais elles n’ont jamais été majoritaires.
Pourquoi ? Avant 2022, et dans toutes les occasions où des femmes ont été nommées, sept personnalités pouvaient prétendre à ce titre (contre cinq à présent). C’est donc bel et bien la première fois que les réalisatrices sont majoritaires. En 2023, espérons que Catherine Breillat, Justine Triet ou Jeanne Herry vienne briser le triste record de Tonie Marshall : elle est la seule femme à avoir remporté ce prix en 2000 pour Venus Beauté Institut.
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Raphaël Quenard en lice pour le trophée du meilleur espoir, du meilleur acteur et du meilleur court documentaire
On croyait connaître la chanson : d’abord un César du meilleur espoir puis quelques années plus tard, un César du meilleur acteur. Mais dans son empressement pour déferler sur le cinéma français, Raphaël Quenard (qui était à l’affiche de sept long-métrages et un court-métrage documentaire en 2023) a décidé d’accélérer le processus. L’acteur est dans la course pour le César du meilleur espoir avec Chien de la casse, pour le César du meilleur acteur pour Yannick et pour celui du meilleur court-métrage documentaire avec L’Acteur, ou la surprenante vertu de l’incompréhension, qu’il a coréalisé avec Hugo David et tourné sur le plateau de Chien de la casse.
Être nommé à la fois comme révélation et comme meilleur acteur n’est pas tout à fait inédit. En 1982, Richard Anconina est reparti avec le César du meilleur espoir et du meilleur second rôle pour Tchao Pantin. Du côté féminin, Julie Depardieu a fait le même cumul pour La Petite Lili en 2004. Plus récemment, en 2010, Tahar Rahim a remporté meilleur espoir et meilleur acteur pour Un prophète de Jacques Audiard.
En ce qui concerne Raphaël Quenard, souhaitons-lui autant de chance qu’aux Lumières ce lundi où il a été sacré Révélation masculine pour Chien de la casse.
Je verrai toujours vos visages occupe les seconds rôles féminins
Sur les cinq femmes en compétition pour le César du meilleur second rôle féminin, quatre ont performé dans le même film : Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry. Leïla Bekhti, Miou-Miou, Elodie Bouchez et Adèle Exarchopoulos y incarnaient des victimes mises face à des criminels lors d’un processus de justice restaurative. Ces quatre nominations viennent mettre en lumière l’harmonie de ce film choral où chaque personnage portrait ses opinions et son histoire. Seule outsider de la sélection : Galatea Bellugi pour Chien de la casse.
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On voit double entre les César et les Oscars
L’actrice allemande Sandra Hüller concourt aux César et aux Oscars pour le même rôle : celui de Sandra, la présumée meurtrière dans Anatomie d’une chute. Cette double nomination est assez rare mais surtout, seuls deux acteurs sont rentrés chez eux avec les deux statuettes : l’américain Adrien Brody pour Le Pianiste et Marion Cotillard pour La Môme. Sandra Hüller sera-t-elle la troisième ?
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Deux frères pour un prix
Pour la première fois, deux frères sont nommés dans la même catégorie aux César. En l’occurrence, il s’agit de Samuel et Paul Kircher, tous deux en lice dans la catégorie de la révélation masculine Le premier a 19 ans et s’est fait connaître dans le brûlant L ; le second, 22 ans, a été repéré dans deux deux univers radicalement différents, d’abord chez Christophe Honoré (dans l’intimiste Le Lycéen) puis chez Thomas Cailley (l’audacieux Le Règne animal, pour lequel il est nommé). On voit bien un potentiel drame shakespearien derrière ces nominations qui, de fait, les place en rivaux, mais vu leur complicité et leurs visages angéliques, tout devrait bien se passer, quelle que soit l’issue.