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«Simple comme Sylvain» de Monia Chokri, amour et lutte des classes
- Timé Zoppé
- 2023-05-17
[CRITIQUE] Monia Chokri revient avec un pari : déployer une romance simple comme son titre, saupoudrée d’une savante réflexion sur la nature de l’amour. Moderne et atemporel, « Simple comme Sylvain » impressionne en toute modestie.
Il y a toujours quelque chose de vif dans le cinéma de Monia Chokri. La séquence qui ouvre Simple comme Sylvain ne déroge pas à la règle, plongeant dans un dîner entre amis – avec enfants bruyants – à Montréal, dans lequel se retrouvent deux couples au long cours. À l’évidence, Sophia (magnétique Magalie Lépine-Blondeau) cogite beaucoup. Quand elle se rend ensuite dans la maison de campagne qu’elle et son compagnon font rénover, le temps et le cerveau s’arrêtent et le cœur s’emballe : coup de foudre pour Sylvain (Pierre-Yves Cardinal, vu dans Tom à la ferme de Xavier Dolan), l’entrepreneur sexy, à la fois viril et sensible, qui s’occupe des travaux.
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Lire l'articleQue faire de cette irrésistible attirance ? Avec cette love story mi-citadine mi-forestière, Monia Chokri trouve un subtil équilibre entre théorie (le film est émaillé de cours de philo sur l’amour, de Platon à bell hooks, que Sophia donne à des personnes âgées) et pratique (les scènes de sexe sont érotiques sans succomber aux facilités). Sans en faire des caisses, Monia Chokri s’intéresse ainsi à des questions fondamentales tout en nous emportant, l’air de rien, dans un torrent d’émotions. On en sort comme l’héroïne, lessivés mais, quelque part, éclairés.
Simple comme Sylvain de Monia Chokri, Memento (1 h 50), sortie le 8 novembre