À l’été 1544, Catherine Parr gouverne le royaume d’Angleterre en l’absence de son mari, parti en campagne en France. Mais toute sa vitalité et sa passion semblent la quitter lorsqu’on annonce le retour anticipé du roi. La cour entière semble saisie d’effroi : le souverain vieillissant et malade (impressionnant Jude Law) est réputé pour ses sautes d’humeur et sa cruauté – il a fait décapiter deux de ses précédentes épouses et en a banni deux autres. Et il montre bientôt des signes de lassitude vis-à-vis de Catherine…
Alicia Vikander est sidérante dans sa manière silencieuse d’exprimer l’effondrement intérieur et la ténacité corsetée, prise entre les griffes de ce mari abusif, parano et geignard. On est saisis d’emblée par la beauté picturale du film (la grande Hélène Louvart à la photographie), qui tire parti de l’atmosphère gothique et brumeuse de la campagne anglaise.
Mais la réussite du film est aussi de pointer la masculinité toxique comme un système, une organisation : les hommes proches de la reine se montrent prêts à toutes les trahisons pour ne pas perdre leurs privilèges de cour, tandis qu’elle est discrètement soutenue par une poignée de femmes aux abois. C’est résolument de leur côté que le cinéaste se place, jusqu’à une résolution franchement jouissive.
Le Jeu de la reine de Karim Aïnouz, ARP Sélection (2 h), sortie le 27 mars.