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« Showing Up » de Kelly Reichardt : à la loupe

  • Timé Zoppé
  • 2022-05-27

L’Américaine Kelly Reichardt retrouve son actrice fétiche Michelle Williams pour une quatrième collaboration des plus fructueuses. Aussi modeste que puissant, « Showing Up » détaille les affres de la création et les limites du care à travers le portrait d’une sculptrice farouche qui prépare sa prochaine expo.

Il en faut, de la confiance en soi de la part de Kelly Reichardt pour présenter un film d’apparence si humble en Compétition à Cannes – d’autant plus que c’est sa première présence en sélection officielle. Après l’autrement séduisant First Cow, relecture du western versant masculinité non-toxique dans les forêts majestueuses de l’Oregon, Showing Up s’avance comme un essai plus modeste, sec et pointu. On y plonge dans le quotidien de Lizzie (Michelle Williams), artiste solitaire qui vit en coloc avec son chat roux (petite révolution dans l’œuvre de Reichardt, jusqu’ici exclusivement peuplée de canidés : sa propre chienne était même l’une des deux héroïnes de Wendy et Lucy).

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Alors qu’elle doit finir en quelques jours les sculptures de sa nouvelle exposition, elle fait face à des micro-problèmes qui pèsent pourtant lourd : sa voisine, propriétaire et collègue d’atelier, Jo (Hong Chau), traîne la patte pour réparer son chauffe-eau, ce qui l’oblige à prendre des douches froides ; quand son chat attaque un pigeon, Lizzie tente de se débarrasser du corps, qui lui revient le lendemain par le biais de Jo, avant que l’une et l’autre ne se partagent la garde de l’animal convalescent ; le frère de Lizzie sombre lentement dans la paranoïa et le complotisme, sans que l’artiste ne parvienne à mobiliser leurs parents divorcés sur la question.

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Comme toujours chez Kelly Reichardt, les émotions et réflexions sont à trouver dans les détails, les gestes, la distance ou la proximité des êtres, le ton employé pour s’adresser à l’autre. La cinéaste prend soin de nous y rendre sensibles, d’ouvrir notre attention par un travail particulier sur les atmosphères et les sons : lumières douces et caressantes, caméra posée et cadres délicatement composés, bruits ambiants rassurants (on entend souvent le ronronnement d’un avion qui passe au loin, typiques des banlieues occidentales tranquilles).

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Ainsi mis en condition, toute l’écoute se concentre sur les vibrations des êtres, et surtout la manière qu’a Lizzie de composer avec son dilemme : se concentrer égoïstement sur sa création, ou bien prendre sur le peu de temps qu’il lui reste avant le vernissage pour s’occuper des autres ? Avec l’apparente simplicité des grands maîtres, Kelly Reichardt pose nonchalamment – et comme aucune autre - de profondes questions existentielles. Et a visiblement trouvé pour elle-même des réponses, puisqu’elle parvient à se créer les conditions nécessaires pour créer des œuvres si abouties.

Image (c) Diaphana

Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 17 au 28 mai 2022. Tous nos articles sur l’événement sont à suivre ici.

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