« Blue Giant » de Yuzuru Tachikawa : crescendo musical

[CRITIQUE] Trois jeunes hommes forment un groupe de jazz improbable, désirant se produire sur la plus importante scène japonaise. Grâce à l’inventivité de sa mise en scène, Yuzuru Tachikawa offre un formidable éloge de la musique comme puissant catalyseur de l’émotion.


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Dai, jeune saxophoniste téméraire, débarque à Tokyo pour devenir « le meilleur jazzman au monde ». Derrière l’intrigue de success story somme toute classique, cette adaptation cinématographique du manga éponyme de Shinichi Ishizuka donne vie au jazz des protagonistes avec une incroyable générosité. Si l’animation semble simpliste au cours des premières représentations du groupe instable formé par Dai, ce n’est que pour mieux retranscrire ensuite l’évolution des personnages par un crescendo formel.

À mesure que fleurit leur art, l’esthétique transcende le monde prosaïque pour plonger dans le tourbillon de sensations de plus en plus colorées et complexes que vivent et transmettent les trois garçons à travers leur musique. Les profondes disparités au sein de ce trio si attachant mettent chaque membre à l’épreuve avec une finesse d’écriture qui renforce l’implication dans leur parcours. La quête de réussite n’est finalement qu’un prétexte pour mettre en valeur l’amitié et le pouvoir de la musique. Comme l’affirment les jeunes musiciens, le jazz, c’est l’émotion, et la créativité déployée pour représenter cette énergie musicale apparaît si virtuose qu’elle nous emporte dans son sillage avec une aisance étonnante.

Blue Giant d’Yuzuru Tachikawa, Eurozoom (2 h), sortie le 6 mars